Alexandre Dumas ou la vie d’entrepreneur au pas de charge

Alexandre Dumas ou la vie d’entrepreneur au pas de charge

Publié le 8 décembre 2014

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Pour raconter les aventures comme il l’a fait, Alexandre Dumas a bien été obligé d’endosser le costume d’aventuriers. Autrement dit, d’entrepreneurs.
« Un pour tous, tous pour un ». S’il est une devise connue de tous les Français, c’est bien celle-ci. 144 ans après sa disparition, Alexandre Dumas continue de façonner l’imaginaire des Français. Lui, le fils du premier général mulâtre (métisse, dirons-nous aujourd’hui) a réussi à sublimer le roman d’aventures : Les Trois Mousquetaires ; le Comte de Monte-Cristo, le Vicomte de Bragelonne, etc. Sans parler de ses Mémoires, véritable épopée à travers l’esprit français du XIXe siècle. À mettre entre toutes les mains.
Amoureux des arts, de la gastronomie, des femmes et, surtout, de la chose publique, Alexandre Dumas a mené sa vie au pas de charge. Un peu comme un entrepreneur du XXIe siècle. Ce serait dommage alors de ne pas profiter un minimum de son expérience de vie.

« La vie est un chapelet de petites misères que le philosophe égrène en riant »

Fils d’un général qui a préféré rester fidèle aux principes de la Révolution française plutôt qu’à la gloire napoléonienne, le jeune Alexandre ne grandit pas avec une cuillère en or dans la bouche. Son instruction est faible, mais son excellente calligraphie lui permet d’envisager une carrière de notaire.
Une perspective qui l’ennuie cependant au plus haut point. Il part à Paris avec 53 francs en poche et rêve d’une carrière d’auteur de théâtre comme Victor Hugo. Mais ses premières pièces sont systématiquement refusées. Il faut que jeunesse se fasse.

« Mais le terrible des mauvaises idées, c’est que peu à peu les mauvais esprits se familiarisent avec elles »

Sa première victoire viendra deux ans seulement après son arrivée à Paris. En pleine période « Romantique », Alexandre Dumas écrit son premier drame historique : Henri III et sa cour. Le succès est immédiat. Mais, ivre de son succès, il dilapide ses revenus. Il écrit d’autres pièces, mais incapable de se renouveler, il perd peu à peu son public.
Au point qu’il se retrouve auteur de romans-feuilletons.

« Qui ne sait pas mentir, ne sait pas agir »

S’il est reconnu pour ses indéniables talents littéraires, Alexandre Dumas vit avec la vérité historique un rapport pour le moins controversé. Mais, qu’importe ! L’histoire d’un roman vaut bien celle d’un pays, à partir du moment où elle valorise des valeurs que l’écrivain juge dignes à ses yeux : honneur, courage, engagement, dépassement de soi.
Une méthode qui ne doit pas rebuter le chef d’entreprise. Surtout, si elle lui permet de construire une histoire commune quitte à mettre sous silence certaines dissensions, propres à toutes sociétés collectives.

« On tombe toujours du côté où l’on penche »

Malheureusement, Alexandre Dumas penche toujours du côté de ses excès. Amours, nourriture, politique, projets architecturaux, le conteur voit tout en grand. Un château à Port Marly et, surtout, un théâtre en plein Paris qui va finir par le ruiner. Assailli par ses créanciers, il est obligé de s’exiler en Belgique avant de partir en Italie pour de nouvelles aventures.
Ce qui ne reste au final qu’un problème d’argent. Avec sa passion de la gastronomie, Alexandre Dumas tutoie également la grandeur, en termes de qualité, mais aussi de… quantité. « Alexandre Dumas partageait son temps, comme d’habitude, entre la littérature et la cuisine ; lorsqu’il ne faisait pas sauter un roman, il faisait sauter des petits oignons. », disait un de ses biographes, Charles Pierre Monselet.
Et arriva ce qui devait arriver, Alexandre Dumas connaît un accident vasculaire cérébrale qui paralyse la moitié de son corps. Ce qui l’oblige à s’installer chez son fils et à y mourir quelque mois plus tard.

« Les mots s’envolent, les écrits restent »

Des excès qui s’avèrent bien minuscules au regard de l’héritage littéraire. Plus de deux siècles après sa naissance, Alexandre Dumas reste le symbole même de l’hédonisme. Un style de vie qui ne devrait pas déplaire aux entrepreneurs. L’organisation est une chose, le plaisir en est une autre.

 Tancrède Blondé

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