Jean Tirole, nouveau prix Nobel d'économie : « La réforme du marché du travail est urgente »

Jean Tirole, nouveau prix Nobel d'économie : « La réforme du marché du travail est urgente »

Publié le 14 octobre 2014

jean-tirole
Récompensé lundi par un prix Nobel d’économie, Jean Tirole donne ses solutions pour réduire durablement le chômage.
Entre Jean Tirole, nouveau prix Nobel d’économie et Thomas Picketty, économiste et auteur à succès avec son dernier livre « Le Capital au XXIe siècle », les économistes français ont la côte. Un évènement, au regard de l’idéologie dominante qui a généralement cours dans le petit monde des économistes.
Nouveau « pape » de l’économie, Jean Tirole a été récompensé pour ses travaux sur la régulation des marchés. Une approche qui ne le met pas cependant dans les catégories des économistes « interventionnistes ». Plutôt ordo-libéral, il considère que la concurrence est bénéfique au marché, à condition de l’encadrer.

Le CDI est une plaie pour la création d’emplois

Et concrètement, qu’apportent ses travaux aux entrepreneurs ?  Interrogé ce matin sur Europe 1, il explique que « La réforme du marché du travail est urgente. Il faut un contrat unique ». Aux yeux de l’économiste, le CDI est une plaie pour la création d’emplois. « Les entreprises ont très peur de créer des CDI. Elles n’ont pas de flexibilité en cas de problèmes. Elles utilisent donc beaucoup de CDD, de stages », constate Jean Tirole.
Pas incitées à embaucher, les entreprises françaises sont en revanche poussées à licencier, dès que la solution se présente. Ce qui nécessiterait une réforme drastique. « Il faudrait un système de bonus-malus pour inciter les entreprises à ne pas licencier. Aujourd’hui, lorsqu’elles gardent un salarié, elles paient plus de cotisations. Cela ne les pousse pas à conserver des emplois. C’est un système absurde », explique l’économiste.

« Je ne suis ni un gourou, ni un sauveur »

Il donne comme exemple l’assurance-chômage. « Les entreprises qui licencient ne paient rien aux Assedic », remarque Jean Tirole. Résultat, le dispositif s’avère, moins une aide aux chômeurs, qu’une véritable « incitation au chômage ». Voilà une idée qui ne devrait pas déplaire à Emmanuel Macron.
Mais, en dehors de ce sujet qui lui est cher, Jean Tirole ne souhaite pas vraiment rentrer dans le débat politique. « Il faut que je m’écarte du syndrome du Prix Nobel. Je ne peux pas donner mon avis sur tout. Je ne suis ni un gourou, ni un sauveur », plaisante-t-il. En tout cas, il peut être certain que les entrepreneurs le suivront sur l’idée de réforme du marché du travail.

Tancrède Blondé

Vous aimerez aussi

0 commentaires

Laisser un commentaire