Donnez-nous notre pain de ce jour

Donnez-nous notre pain de ce jour

Publié le 29 août 2012

Nous vivons dans un pays en pleine crise économique qui s’offre le luxe de ne travailler que 11 mois par an.

 sens du commerce vacances

Dimanche matin dernier, alors que je m’apprêtais à partager un repas estival avec une vingtaine de convives, je pars à 10 heures en quête de 8 baguettes. Première boulangerie, la plus proche, fermée pour cause de congé annuel du 28 juillet au 26 août. Je comprends, tout le monde n’a pas la chance, comme moi, de travailler tout l’été. Deuxième boulangerie, même punition. Et ainsi de suite jusqu’à la cinquième.
Soyons clairs, je n’ai rien contre les boulangers en vacances. Ni d’ailleurs contre les autres professions en vacances vu le nombre de boutiques fermées ce mois-ci à Paris. Ils ont bien raison d’être en vacances et je me délecte d’avance de goûter le bon pain fait par mon boulanger à son retour de vacances. Celui-ci sera bien meilleur car son fabricant sera plus en forme donc plus performant. De plus, selon son lieu de villégiature, il lui sera venu des idées de recettes originales (en provence : pain aux olives, en Espagne : pain au chorizo, …).
Ce que je m’explique moins est pourquoi, alors que le pays est au bord de la récession économique (dixit la Banque de France) et que le chômage n’a jamais été aussi élevé, nos commerçants de proximité n’ont pas trouvé le moyen de rentabiliser leur boutique 12 mois complets dans l’année. Pas besoin d’être présent pour, par exemple, sous-louer sa boulangerie à un demandeur d’emploi boulanger de formation pour lui permettre d’exploiter son outil de production. Très bien, pour une boulangerie cela nécessite une formation très spécifique et des règles d’hygiènes précises, mais pour un vendeur de chaussure ou de vêtements… Sinon, pourquoi ne pas s’entendre entre confrères pour ne pas partir en vacances en même temps ? Mieux, pourquoi ne pas communiquer la boulangerie de « garde » sur sa vitrine fermée comme le font les pharmaciens ?
D’un autre côté, les grandes surfaces, ennemies jurées des commerçants de proximité dans l’inconscient collectif, ne se paient pas le luxe de fermer un mois entier, 8% de l’année, pour congé exceptionnel.  Au contraire, certaines d’entre elles, sachant que les touristes sont faiblement impactés par les jours fériés, n’hésitent pas à effectuer des ouvertures exceptionnelles le 15 août.
Quand les grands arrivent à commercer même un jour férié les petits n’essaient plus de répondre à une demande présente. Avant d’essayer d’avoir le sens du service, pourquoi ne pas prendre le pari d’avoir le sens du commerce ?

Julien Rittener

Dirigeant de Five Conseil

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