Europe – Canada : un mariage de raison

Europe – Canada : un mariage de raison

Publié le 5 février 2014

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L’accord de libre-échanges conclu par l’Union européenne, ouvre de nouvelles perspectives aux entreprises françaises en Amérique du Nord, avec une porte d’entrée idéale : le Canada.
C’est la première fois que l’Union européenne signe un tel accord avec un pays industrialisé, membre du G8. Le résultat constitue même, selon Manuel Barroso, le Président de la Commission, une « référence » pour les négociations du même type engagées avec les États-Unis. L’heureuse conclusion de quatre années d’âpres discussions qui ont vu les tractations entre les protagonistes achopper sur quantité de sujets, comme les médicaments génériques, les services financiers ou les appels d’offres publics.

Une plus vaste ouverture du marché canadien

Les droits de douane vont ainsi disparaître sur 99 % des biens échangés entre ces deux régions du monde. Seuls quelques produits agricoles feront exceptions, ou seront contingentés. L’accord prévoit également une très large libéralisation des services, sauf dans certains secteurs dûment listés, comme la santé, l’audiovisuel, ou l’éducation. Décrochées de haute lutte, les provinces canadiennes ont enfin accepté le principe d’ouvrir leurs appels d’offres publics aux fournisseurs européens comme Alstom, EADS ou Siemens. Un principe de réciprocité auquel les négociateurs européens étaient très attachés, dans la mesure où les marchés publics européens sont ouverts depuis longtemps aux groupes canadiens, en particulier dans le domaine des transports, avec Bombardier. Actuellement les secteurs les plus porteurs sur le marché canadien son l’ingénierie, l’électricité, les banques et assurances, l’hôtellerie et la restauration, mais aussi l’industrie minière en plein essor dans les provinces de l’Alberta et du Saskatchewan. Autant de domaines d’activités où les entreprises françaises possèdent de solides atouts et une excellente réputation internationale. La ministre française du Commerce extérieur, Nicole Bricq, a d’ailleurs observé que le compromis trouvé pourrait être « bénéfique » pour nos entreprises.

Une porte d’entrée sur le marché nord-américain

À terme, cet accord devrait doper les échanges – 86 milliards d’euros à ce jour – de quelque 25 % après son entrée en vigueur prévue en 2015. Loin derrière les États-Unis, l’Union européenne est le deuxième partenaire du Canada qui ne pointe qu’au douzième rang dans le commerce des Vingt-Huit. Et pourtant cet accord a failli ne pas voir le jour, en raison des questions agricoles, sensibles pour le Canada, comme pour certains États européens, France en tête. Pour emporter l’affaire, Ottawa a finalement accepté de doubler les quantités de fromages européens importées sans taxes aux frontières, en échange d’un plus grand accès au marché européen pour ses producteurs de viande de bœuf : quelque 50 000 tonnes par an sur une consommation de plus de 8 millions de tonnes au sein des Vingt-huit. Un compromis qui a suscité de vives réactions sur les deux rives de l’Atlantique, les responsables agricoles canadiens et européens jugeant inacceptable cette ouverture.

Une terre d’investissement

En recherche de profils, le chômage n’est que de 7 % au Canada – 4,5 % dans les villes à forte croissance comme Québec ou Vancouver – le gouvernement canadien facilite par ailleurs les démarches pour entrer dans le pays comme pour y développer une entreprise. Le Canada est en effet une bonne porte d’entrée sur le continent nord-américain et les démarches pour créer son entreprise sont très simples. Il y a beaucoup de liberté dans la définition des activités et les cotisations sociales sont moins importantes qu’aux États-Unis : de l’ordre de 12 % contre 20 à 30 %, de quoi faire rêver tout entrepreneur français. Quant au coût de la vie, l’ambassade du Canada estime qu’il est inférieur de 10 à 15 % à celui de la France, voire 20 % par rapport à celui de Paris. Pas étonnant dès lors que les Français se bousculent aux guichets d’entrée : la France est d’ailleurs l’un des premiers pourvoyeurs de migrants.

Rosie Adone-Bordet

Fondatrice de RB & associés

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