Lindsay Owen-Jones : portrait d'un entrepreneur « made in L'Oréal »

Lindsay Owen-Jones : portrait d'un entrepreneur « made in L'Oréal »

Publié le 29 avril 2013

Après 44 ans de bons et loyaux services, Lindsay Owen Jones a officiellement démissionné du conseil d’administration de L’Oréal vendredi dernier. Portrait d’un entrepreneur qui a tout réussi.

Lindsay Owen Jones

Lindsay Owen Jones a instillé le culte de la concurrence au sein de L'Oréal


« Ou bien il sera mis assez vite à la porte, ou bien il deviendra le Président de L’Oréal ». Un peu à la manière de Richard Branson, voilà ce qu’on aurait dit de Lindsay Owen Jones à ses débuts dans la prestigieuse maison française. C’est dire si le Gallois possède un tempérament entrepreneurial. Son parcours au sein de L’Oréal parle pour lui.
Diplômé de Lettres à Oxford et de management à l’Institut Européen d’Administration des Affaires (INSEAD), le jeune Lindsay choisit la très prometteuse, mais encore petite à l’époque, société française de cosmétique L’Oréal. D’abord Chef de produit dans le nord de la France, il devient à 23 ans Directeur du Marketing et de la Division des Produits Publics. Et il réussit tout, et à chaque fois. Au point même qu’on lui donne dans la foulée la direction d’une filiale italienne du groupe français, SAIPO.

L’entrée du groupe dans un nouveau monde global

Mais, « jamais satisfait par quoi que ce soit », selon ses propres mots dans une interview de CNBC, l’intrapreneur réussit tout ce qu’il touche et laisse une trace indélébile partout où il passe. Résultat, tout le monde comprend qu’il n’a pas fini de remonter l’organigramme de la société. Preuve en est, il obtient à 38 ans le poste de Vice –Président Directeur Général et Vice-Président du Comité de Direction et Administrateur de L’Oréal. Dernier marchepied avant d’atteindre le sommet de la Présidence générale…à 42 à peine.
Un vrai changement d’ère après François Dalle, resté pendant 31 ans à la tête de L’Oréal. Car, pour la première fois, la société cosmétique française se choisit un dirigeant non français. « Son profil international marque l’entrée du groupe dans un nouveau monde global », expliquent Béatrice Collin et Daniel Rouach dans le modèle L’Oréal. Un changement d’ère qui ne va pas sans quelques remises en cause de l’ADN culturel de la société française.

« Il faut regarder rigoureusement vers l’avenir »

Concrètement, pour atteindre ses ambitions mondiales, L’Oréal doit monter radicalement ses exigences. Poussé par son Président Directeur Général, le « Competition management » instille la concurrence en externe, mais surtout en interne. Autrement dit, les filiales du groupe se défient les unes des autres. Une émulation tellement importante aux yeux de Lindsay Owen Jones qu’il a même dédié une salle de conférence à la confrontation des projets au siège de L’Oréal.
Et comme « il faut regarder rigoureusement vers l’avenir », Lindsay Owen Jones a fait de gigantesques efforts en R&D pour que la société soit un leader mondial dans son domaine. 20.000 brevets plus tard, le dirigeant semble avoir réussi son pari. Résultat, L’Oréal a connu une croissance à deux chiffres pendant 19 années de suite. Un record qui mettra du temps à être battu.
Au final, la cohérence stratégique de Lindsay Owen Jones a mis L’Oréal au sommet des grandes firmes de ce début de XXIe siècle. Un succès qui ne semble pas lui monter à la tête. « Vous savez, mon but ultime a toujours été de transformer une très bonne petite entreprise française en un groupe totalement international ». Pari réussi.

Tancrède Blondé

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