Trop de SIRENE rend l'économie française inaudible

Trop de SIRENE rend l'économie française inaudible

Publié le 18 avril 2013

Tout le monde se félicite de la création de 550 000 entreprises françaises en 2012. Mais faut-il vraiment s’en réjouir ?

L'économie française, trop inaudible ?


Sans entrer dans la polémique des 310 000 nouveaux auto-entrepreneurs, prêts à monnayer leurs services pour toucher moins que l’ASS en sortant des statistiques du chômage, ce qui manque en France n’est pas des numéros SIRENE mais des ETI. En effet, ce sont elles qui exportent, font donc des marges (en 2012, les marges sur le marché français ayant connu leur plus bas historique), réinvestissent, créent de l’emploi, … et font vivre les toutes petites en leur achetant des prestations diverses.
Hors, la France compte 66% d’entreprises sans salarié et 28% avec moins de 10. De plus, quand les grosses entreprises éternuent, les moyennes sont malades. Ne pouvant prioritairement licencier, elles internalisent et ne commandent plus de prestations ou marchandises à cette nuée d’indépendants pour lesquels la création d’emploi se résume, au mieux, au leur.

Titre ronflant de « PDG de ma micro-entreprise »

Sommes-nous condamnés ? Non. Mais un choc doit avoir lieu. Ce ne sera ni un choc de simplification ni un choc de compétitivité ni un choc de normalité mais un choc qui pulvérise la fierté individualiste au profit du constructivisme collectif. En effet, à quoi sert-il d’avoir une EURL de plomberie, une autre de maçonnerie, une 3e d’électricité et une dernière de couverture quand on pourrait avoir une seule société « tous corps d’état » qui mutualiserait la prospection, l’administratif et les frais généraux ? Pourquoi payer 4 expertises comptables, 4 CET, 4 lignes téléphoniques, 4 imprimeurs quand on pourrait n’en payer qu’un ? Allons plus loin, pourquoi les 10 boulangeries d’une même ville ne formeraient pas qu’une seule société pour mutualiser les achats de matières premières ?
Ce système de concentration radierait 1 million d’entreprises en un an sans destruction d’emploi (in fine), au contraire. Les fusions dégageront plus de marges et pourront embaucher dans les métiers support. Mais cela a un prix : qu’1 million de travailleurs pauvres acceptent de ne plus porter le titre ronflant de « PDG de ma micro-entreprise ».

Julien Rittener

Dirigeant de Five Conseil

 

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