Innovation – PME : comment faire perdre la création de 500 000 emplois en France ?

Innovation – PME : comment faire perdre la création de 500 000 emplois en France ?

Publié le 14 décembre 2011

A l’occasion de la première édition des Soirées de l’Innovation, co-organisée par Valérie Nahmias, adjointe à la culture et à l’innovation de la Mairie du 17ème à Paris, et Muriel Bensimon, les acteurs de l’innovation et des PME étaient réunis pour évoquer la brulante thématique de l’innovation dans les PME. Sur un format plutôt dynamique –chaque intervenant avait 7 minutes pour s’exprimer- les témoignages de tout bord convergent vers le même constat : la situation de l’innovation dans les PME est alarmante !

On le sait ! Le sujet des PME prend de plus en plus de place dans le débat public dû au contexte de crise et à l’approche des élections présidentielles. D’ailleurs, à l’occasion de cette soirée, les syndicats patronaux (CGPME, CJD et MEDEF) mais aussi les institutions (Oseo/ CCIP), des associations tel que le Comité Richelieu ou des réseaux d’entrepreneurs privés sont unanimes ! L’innovation dans les PME doit s’améliorer.

« La vie de l’économie française dépend de l’innovation ! » s’exclame Jérôme Dubus du MEDEF.  Pour sa part, Michel Ivanes –vice-président de la CGPME 75- annonce la couleur : la France dépense en recherche et développement 2,2% du PIB dont 2/3 par les entreprises. A titre de comparaison, cela représente de -20% à -40% qu’aux USA, au Japon ou en Allemagne. Par ailleurs, seulement 6% des brevets européens sont déposés par des entreprises françaises. Au niveau des PME, 4 PME sur 5 ne détiennent aucun un titre de propriété intellectuelle et seulement 10% des PME ont un lien avec la recherche publique (laboratoire, université…) contre 55% en Europe du Nord. Des progrès à faire !

Pour le délégué national à l’innovation du CJD, la situation est aberrante ! En effet, Arnaud Groff, mais aussi la CCIP et le Comité Richelieu fustigent la façon dont est géré le CIR (crédit impôt recherche). Ils dénoncent notamment la répartition du CIR dont les 2/3 sont attribués aux grandes entreprises. Le reste étant réparti entre TPE – PME – ETI! D’autre part, Arnaud Groff regrette qu’Oséo et d’autres institutions ne subventionnent pas les innovations de services qui d’après lui, « a fait perdre la création de 500 000 emplois ».

Il faut revoir profondément la gestion des innovations en France !

Si l’innovation dans les PME est en difficulté, il existe des solutions, proposées par les intervenants de la soirée, qui permettrait de mettre l’innovation dans les PME sur de bons rails !

Les intervenants recommandent d’étendre la notion d’innovation à l’innovation d’usage et de service. En d’autres termes, ne pas voir l’innovation dans sa seule dimension technologique. « Beaucoup d’entrepreneurs innovent sans même le savoir » déclare Arnaud Groff. Quant à Michel Ivanes de la CGPME, il faut pouvoir indiquer les innovations d’usages dans « une annexe du bilan » afin de communiquer sur l’innovation.

Côté financement de l’innovation, Viviane Neiter, administratrice de sociétés cotées, proposent de sensibiliser les français à l’actionnariat et à la prise de risque. « En France, 90% des sociétés font appel aux banques pour se développer contre 30% aux Etats-Unis » souligne t-elle. Le Comité Richelieu, dont les mesures ont été annoncées dans notre article du 9 décembre, souhaite que soit créé un « livret épargne innovation » et que 1% des livrets A soit prélevé. Ces actions permettraient selon Patrice Noailles du Comité Richelieu de récupérer plus de 3 milliards par an. Et d’ajouter :  « il faudrait réserver au minimum 20% des marchés publics aux PME ». Pour Arnaud Groff du CJD, il faut, au-delà de la recherche, disposer d’un Crédit Impôt Innovation et d’un Crédit Impôt Développement.

« Le territoire influe sur le potentiel d’innovation des entreprises » déclare le représentant du CJD. En effet, la diversité des activités dans un environnement est propice à l’innovation. Laurent Allias, co-président de l’association Le Cercle des Jeunes Entrepreneurs, ajoute que les entrepreneurs doivent sortir de leur quotidien pour aller à la rencontre d’autres chefs d’entreprises. « L’intérêt des réseaux, c’est rassembler ceux qui ne se connaissent pas et qui sont différents que ce soit par l’activité, la taille ou l’âge » conclut Laurent Allias.

Dans le contexte de crise économique actuelle, l’innovation semble être une porte de sortie, d’après les acteurs présents à la soirée de l’innovation. Beaucoup de solutions sont proposées et à l’approche des élections, souhaitons que les candidats ne s’arrêtent pas au guichet unique qui pour beaucoup « n’est pas possible » !

Mustafa Curlu

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