Pour un SMIC à 1 000€ … et un caddie à 100€

Pour un SMIC à 1 000€ … et un caddie à 100€

Publié le 30 avril 2012

Parce que l’électeur français a foi dans le nombre indiqué en bas à droite de sa fiche de paie, les candidats font bien attention à amalgamer deux notions très différentes : salaire et pouvoir d’achat. Et si, finalement, l’idée de M Hollande de réduire de 30% le salaire des ministres et du Président était la meilleure de son programme économique ?
 
Depuis 2007, le salaire brut moyen a augmenté de 9%[1], faisant plaisir à tout le monde. Seulement voilà, le pouvoir d’achat n’a augmenté, lui, que de 3%. Ce demi échec a aussi eu pour effet une hausse du prix moyen HT de la production française pour financer la hausse des salaires conduisant à une baisse de la compétitivité prix évidente sur le marché international (voir étude eurostat du 23 avril 2012).
Et si, inversement, nous désacralisions le salaire pour sanctifier le pouvoir d’achat, à savoir « avoir le pouvoir de consommer autant de biens et services indépendamment de son salaire », nous pourrions étendre la proposition de M. Hollande de réduire les salaires des ministres de 30% à la population française entière … , à condition de diminuer d’autant le caddie moyen. Pour une famille de 2 adultes et de 2 enfants effectuant pour 140€ de courses ménagères par semaine lorsque le SMIC est à 1 400€, cela ne changerait rien pour elle si le SMIC passait à 1 000€ et si le caddie suivait à 100€ (en fait, cela reviendrait à fictivement dévaluer la monnaie en local quand on ne le peut pas au niveau européen).
Cela aurait 3 conséquences notables :
Une hausse du moral des français. Aussi sûrement qu’une hausse du salaire est bonne pour le moral, une baisse des prix l’est tout autant. Une baguette qui diminue d’un coup de 30% donne le moral, aussi sûrement que nous étions euphoriques par la baisse « psychologique » des prix lors du passage à l’euro ;
une hausse de la compétitivité française. En effet, un produit fabriqué en France qui subit une diminution de coût de la valeur ajoutée aux alentours de 25%, par diminution de 30% de sa masse salariale est revendu 20 à 25% moins cher. Il devient donc devient plus compétitif sur les marchés internationaux ;
une diminution du chômage. Cela s’explique par 2 facteurs. Tout d’abord, comme le rappelle régulièrement l’OCDE, le nombre de chômeurs varie proportionnellement au montant du SMIC. Ainsi, diminuer le SMIC fait rentrer sur le marché du travail tous ceux prêts à travailler en deça du SMIC actuel (travail à temps partiel, … ). De plus, par une diminution du coût de production, la délocalisation est moins rentable. En effet, par cette action, à prix équivalent, les biens importés seraient mécaniquement 40% plus chers donc il redeviendrait plus rentable de relocaliser leur production.
 
Faut-il réellement rappeler que le prix d’un pain sous la république de Weimar en Allemagne est passé de 45 marks en janvier 1922 à 1 000 000 000 000 marks en décembre 1923 pour que nous comprenions enfin la nécessité de ne pas confondre salaire et pouvoir d’achat ?

Julien Rittener
Dirigeant de Five Conseil


[1] Tous les chiffres donnés ici ont pour source l’INSEE

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