Edouard Leclerc : mort d'un patron qui ne "croyait pas en la richesse"

Edouard Leclerc : mort d'un patron qui ne "croyait pas en la richesse"

Publié le 18 septembre 2012

Mort edouard Leclerc entrepreneur

Edouard Leclerc


Fondateur de l’enseigne éponyme, Edouard Leclerc est mort à 85 ans d’un arrêt cardio-respiratoire à son domicile. Portrait d’un entrepreneur qui a révolutionné la grande distribution.
 
Plus qu’une entreprise, une philosophie. Avec la disparition d’Edouard Leclerc, fondateur des enseignes de grande distribution, s’éteint la première génération d’entrepreneurs qui a fait de la vie chère, son cheval de bataille. Mais comme tout révolutionnaire, le dirigeant s’est fait bon nombre d’ennemis. Aux premiers desquels, on retrouve les épiciers et les petits commerçants qui n’ont jamais apprécié cette concurrence, « déloyale » à leurs yeux. Sans oublier tous les intermédiaires qui ont été obligé de baisser leurs prix.
Une épopée qui démarre à Landerneau. Né en 1926 dans une famille bretonne très catholique, le jeune Edouard Leclerc quitte le séminaire à 22 ans, déçu du message social de l’Eglise et de son autoritarisme déphasé. Une déchirure salvatrice. Car de cette rupture, le jeune homme ressentira toujours « le besoin de se racheter ». Ce qu’il fera en voulant « lutter contre la vie chere », omniprésente à la sortie de la guerre. Le combat de toute sa vie.

Rendre la vie moins chère

Pour cela, l’entrepreneur a une idée simple : renverser la logique de la marge. Il ne suffit plus de vendre chère mais au plus grand nombre. Comment ? Court-circuiter les intermédiaires, réduire les frais généraux, afin de maximiser le volume de ventes à marge réduite. Une idée révolutionnaire à l’époque. Résultat, il ouvre son premier magasin en 1949, où les biscuits sont 30 % moins cheres.
Le succès est immédiat. Mais la réaction des petits commerçants également. Edouard Leclerc ne cesse de se battre avec les grossistes. La tension est à son comble entre les épiciers et l’entrepreneur. Il faut dire, pour nombre d’entre eux, la montée en puissance d’Edouard Leclerc signifie leurs morts prochaines. Mais, qu’ils le veuillent ou non, la mécanique de destruction créatrice, initiée par l’entrepreneur breton est en marche.

Pas de franchise, un contrat moral

De 60 magasins en 1960, le nombre d’enseigne Leclerc passe à 441 six ans plus tard. Un beau succès commercial. À la différence près qu’Edouard Leclerc ne fait pas ça pour l’argent. La preuve, il ne demande aucune contrepartie financière aux personnes qui veulent ouvrir un centre Leclerc. Non, aucune. Seul subsiste entre Edouard Leclerc et le « franchisé », un contrat moral : qu’il respecte sa vision de la grande distribution.
Une philanthropie commerciale qu’il alliera, tout au long de sa vie, à une utilisation très judicieuse des médias. Car, les batailles avec les petits commerçants lui permettent de jouer son rôle de meilleur défenseur du consommateur. Une technique que son fils et successeur, Michel-Edouard, reprendra également avec brio.

Pas dans le top 500 des fortunes

Allergique cependant au népotisme, il a fait exclure Michel qui a coulé une enseigne dont il avait la charge. Une intransigeance qui l’amènera même jusqu’à lui interdire d’utiliser son patronyme pour faire la publicité de ses propres affaires. Qu’on se le dise, le combat de sa vie ne souffrira d’aucune entorse.
Au crépuscule de sa vie, Edouard n’a pas fondé un Empire familial mais une coopérative de patrons-propriétaires. Une exception. Ce choix l’aura rendu aisé, sans pour autant lui permettre de rentrer dans le top 500 des premières fortunes professionnelles, à la différence de tous les autres patrons de la distribution. Sans regret apparemment, quand il dit dans l’émission de télévision phare des années 60, Cinq colonnes à la une : « moi je ne crois pas à la fortune »

Tancrède Blondé

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