Quelle sorte de pigeon êtes-vous ?

Quelle sorte de pigeon êtes-vous ?

Publié le 8 octobre 2012

On dirait un quizz du dernier Cosmopolitan, mais c’est d’un tout autre ouvrage, le PLF2013, que cette question provient.
témoignage entrepreneur les pigeeons risque PLF 2013En tentant de rétablir l’ordre économique pour le rendre plus juste, le gouvernement a voulu innover en changeant les règles du jeu. Intention avisée et audacieuse (car c’est uniquement en les changeant qu’on peut innover de manière forte et durable), elle a abouti à une mobilisation d’opposition sans précédent de toutes les catégories d’entrepreneurs : auto-entrepreneurs, investisseurs, grands groupes et PME, start-ups innovantes, artisans et commerçants. Alors que jusque-là les intérêts particuliers de chacun les empêchaient de jouer leur rôle pour l’intérêt général, les voilà tous unis pour délivrer ce message : « laissez-nous entreprendre ».
Car, sur la promesse de faire contribuer les plus riches, le gouvernement a voulu honorer une promesse de campagne de François Hollande d’aligner la fiscalité des revenus du capital sur celle des revenus du travail de manière stricte. Ces premiers pesant 68% des 10 000 revenus les plus élevés, vs seulement 7% pour l’ensemble des revenus (source Les Echos : pic.twitter.com/nrPkJ1AY), cela semble logique. Au lieu d’en garder l’esprit (réduire les excès), il l’applique à la lettre. Ainsi, veut-il faire disparaitre totalement un des principes clefs de la croissance de l’économie : la prise de risque.
L’entrepreneur échange une promesse de revenu fixe (le salaire) par une promesse de revenu variable (le dividende, la plus-value). Pour cela, il prend des risques, se met en position de déséquilibre, investit dans des infrastructures pour générer des économies d’échelle. Il trouve sa liberté dans l’accomplissement d’un projet et dans la poursuite d’un rêve. Il ouvre sa perspective au long terme tout en se condamnant aux exigences du court-termisme. Il veut changer le monde, et le fait un produit à la fois, un recrutement à la fois, jusqu’à des horizons de transmission parfois rêvés (richesse), généralement souhaités et planifiés (famille ou employés), mais souvent contraints (problèmes économiques ou personnels). Car ailleurs, autant que la croissance interne, la croissance externe, les acquisitions et les reventes sont un moyen pour un but: permettre à l’entreprise de croître et de s’adapter pour survivre.
C’est pour rémunérer cette prise de risque qu’il y a un écart entre la fiscalité du travail et du capital. Que cet écart puisse être modulé pour éviter des excès, rémunérer une vraie prise de risque génératrice de valeur pour tous au travers des services rendus et des emplois créés, il se trouvera peu de personnes pour le refuser. Mais le supprimer, c’est annihiler l’espérance même de gain, l’envie d’entreprendre, et condamner nos investisseurs et nos entrepreneurs à se tourner ailleurs, à se transformer en pigeons voyageurs jusqu’au retour de la belle saison.

Amaury de Buchet

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