Loin de ressembler à une diseuse de bonne aventure, le charlatan moderne peut enfiler n’importe quel costume. Quelques astuces sont nécessaires pour les démasquer.
Les charlatans sont plus malins que vous l’imaginez
C’est bien connu, le monde est peuplé de gens honnêtes et bienveillants. Deux valeurs qui, « étonnamment », ne font pas encore l’unanimité dans le monde des affaires. Triste, mais c’est ainsi. Dans son livre : « L’art de bien agir : 52 voies sans issues qu’il vaut mieux laisser aux autres », Rolf Dobelli donne quelques clés pour mettre à jour ces trop biens nommés « charlatans ».
Je vous connais personnellement
À la manière des astrologues, le charlatan va toujours à un moment ou un autre vous brosser un portrait du type : « Vous possédez des capacités considérables que vous n’exploitez pas. Vous apparaissez comme quelqu’un de discipliné et de contrôlé , mais au fond de vous, vous ressentez une certaine inquiétude et un manque de confiance ». Qui ne se reconnaîtrait pas !
En 1948, un psychologue Américain Bertram Forer fait lire un texte analogue à tous ses étudiants. À tous, il leur explique que ce texte (issu de la rubrique Astrologie d’un magazine quelconque) lui était personnellement destiné. Le résultat n’a pas manqué : 86% des étudiants ont trouvé que la description correspondait à leur personnalité. Un résultat identique quel que soit la décennie où le test a été effectué. Les scientifiques appellent ce phénomène l’effet Forer.
Des affirmations qui s’appliquent à tout le monde
Comme vous l’avez expliqué, les affirmations sont applicables à tout le monde, « tellement générales qu’elles marchent à tous les coups », explique Rolf Dobelli.
« Parfois, vous doutez sérieusement du bien-fondé de vos actions ». Ah bon ? Donc les autres sont tous atteints de mégalomanie au dernier degré. Non, bien évidemment, tout le monde doute. Encore heureux.
La flatterie vous perdra
Et comme vous n’avez pas une confiance en vous démesurée, vous êtes sensible à l’arme favorite des charlatans : la flatterie.
Exemple typique que reprend Rolf Dobelli : « Vous êtes fier de votre indépendance d’esprit ». À l’évidence, vous n’allez pas dire le contraire. « Qui aime à se considérer comme un vulgaire suiveur, passablement stupide », dit d’ailleurs l’auteur. Ça tombe sous le sens.
Aucune phrase négative ?
Ce que Bertrarm Forer appelle l’effet de la caractéristique positive est en réalité l’absence de phrases négatives.
En clair, la personne ne vous dit pas « ce qu’il n’est pas ». En général, les férus de la bourse sont toujours très bons pour utiliser cette technique : « l’action XYZ a un potentiel de croissance considérable, même dans un environnement de plus en plus concurrentiel. Il ne manque à l’entreprise qu’une force d’engagement suffisante pour concrétiser les idées du département R&D ».
Très belle explication… sauf que cela peut s’appliquer à toutes les actions.
Prenez du recul sur vous-même
Comme l’expliquent tous les scientifiques, les hommes sont également très sensibles au biais de confirmation. Autrement dit, « nous acceptons ce qui correspond à l’image que nous avons de nous-mêmes et, inconsciemment, laissons de côté tout le reste », explique l’auteur du livre.
Raison pour laquelle les entrepreneurs doivent-ils toujours chercher un avis complémentaire ou contradictoire à sa personnalité.
L’associé ou le mentor peuvent jouer ce rôle.
Tancrède Blondé
