Centimeo : le trésor des pièces rouges

Centimeo : le trésor des pièces rouges

Publié le 3 février 2014

L’entrepreneur Benjamin Dupays qui a créé Centimeo répond aux questions de Dominique Restino, fondateur du Moovjee.
Sans titre (1)Fondateur de CENTIMEO, Benjamin Dupays crée sa start-up en août 2011. Le concept est simple et pratique, mettre en place des distributeurs qui proposent des doses de produits de grande consommation à quelques centimes. C’est en constatant, effaré, que les gens dans la rue ne ramassaient même plus les pièces de 1, 2 et 5 centimes que l’idée de CENTIMEO est née. Benjamin avait tout juste 18 ans. Il répond aujourd’hui à nos questions sur son parcours de jeune entrepreneur.
Dominique Restino : Créer une start-up jeune est un challenge, as-tu trouvé un soutien rapidement ?
Benjamin Dupays : Le soutien n’a pas été immédiat. Il y a ceux qui me soutiennent vaille que vaille, notamment ma famille qui trouvait l’idée judicieuse et rigolote, bien que sceptique sur le fait de pouvoir créer de la valeur à partir des centimes d’euros. Mais globalement je me suis heurté à beaucoup de personnes qui m’ont conseillé d’abandonner. Les débuts ont eu lieu en Asie en 2010, j’étais à la recherche d’un fournisseur de machine, et je n’avais comme soutien que le directeur de l’incubateur de Sciences Po, Maxime Marzin. Je me souviens encore de nombreux responsables techniques qui trouvaient l’idée stupide et très difficile à réaliser pour un jeune sans connaissance en ingénierie, et les financiers qui m’expliquaient que faire des millions avec des centimes relevait du fantasme.
De retour en France, été 2011 avec le prototype sous le bras, les choses ont changé. J’ai intégré des réseaux de jeunes entrepreneurs, parmi lesquels l’incubateur de Sciences Po et le Moovjee, qui m’ont permis de rencontrer d’autres jeunes entrepreneurs avec des problématiques similaires, de sortir de l’isolement et de bénéficier de précieux conseils. J’ai aussi trouvé un excellent associé, Rodolphe, qui m’a permis de structurer et surtout d’accélérer la mise en place de CENTIMEO.
DR : Quelle évolution souhaites-tu pour CENTIMEO ?
BD : C’est certainement ce qui fait la beauté de CENTIMEO et ce qui est très excitant : l’ambition !
Quand je pense entrepreneuriat, j’imagine surtout les grandes usines, l’industrie. Nous espérons faire de CENTIMEO un géant de l’industrie monoproduit en bénéficiant de notre réseau de distribution original. Cette ambition s’accompagne d’un objectif pour lequel nous nous battons : l’arrêt complet de la frappe des pièces de 1, 2 et 5 centimes d’euros en permettant le recyclage naturel de ces pièces dans l’économie. Nous en sommes encore loin, mais cette année nous avons réinjecté plus d’une tonne de pièces dans l’économie. Si tout se passe bien, ce seront 300 tonnes de pièces que nous remettrons dans le circuit en 2016.
Nous visons donc le développement géographique rapide de l’offre ainsi que l’extension de la gamme de produits, vers le mouchoir par exemple, ou même le gel douche… à 5 centimes.
DR: Selon toi, quelles sont les clés pour réussir en tant que jeune entrepreneur ?
BD : Des facteurs importants pour réussir, on en connaît beaucoup : être tenace, rigoureux, savoir s’entourer…
Quand on est jeune, ou même plus âgé, il n’y en a à mon avis qu’un seul qui compte vraiment : être lucide. Beaucoup d’entrepreneurs échouent parce qu’ils ne sont pas lucides, ils ne se rendent pas compte que leur produit ne répond pas à un besoin, que leur offre ne fait pas de sens ou que leur activité n’a pas sa place.
On a une tendance naturelle à l’optimisme, et même quand on essaye d’être pessimiste, on n’y arrive pas. On est souvent créatif, et malin et on saura réagir face au succès. Ce qui est essentiel en revanche, c’est envisager et répondre systématiquement à l’échec. Ce n’est pas sur la réussite qu’il faut avoir un coup d’avance, mais d’abord sur l’échec.
C’est en cela que le mentorat du Moovjee va sûrement me permettre d’être confronté à la vision d’un autre entrepreneur qui m’aidera à être pessimiste. Je pense que cela sera clé pour envisager quels sont les vrais enjeux du moment et ce qui est superflu. Seul un regard extérieur et absolument désintéressé peut permettre cela, c’est une vraie chance.

Dominique Restino

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