Pourquoi Viadeo… et les autres réseaux français sont-ils toujours à la traîne ?

Pourquoi Viadeo… et les autres réseaux français sont-ils toujours à la traîne ?

Publié le 8 décembre 2016

Une semaine après l’annonce de la mise en redressement judiciaire de Viadeo, deux experts nous expliquent pourquoi cela n’a pas pris et comparent les stratégies françaises face aux stratégies des géants américains.

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La semaine dernière, le concurrent du géant américain LinkedIn a annoncé avoir été placé en redressement judiciaire « pour une durée de trois mois ». Début novembre, Viadeo avait demandé la suspension de son cours de Bourse dû à son manque de financement.
Pourtant, le réseau français semblait partir sur le bon chemin. « À sa création en 2004, Viadeo s’appelait Viaduc et avait été pensé sous forme d’outil collaboratif pour le club d’entrepreneurs Agregator. L’idée d’en faire un réseau social professionnel (RSP) avait vite trotté dans la tête de ses fondateurs, et était très bonne (malgré un nom avec une consonance très francophone), car elle correspondait à un besoin des utilisateurs de se mettre en avant (profils), mais surtout et aussi de se mettre en relation autour des thématiques professionnelles (réseau, groupes de discussion) », raconte Franck Perrier, Directeur Général de DIGITALACADEMY.

Viadeo n’a pas su contrer LinkedIn…

Mais cette bonne idée n’a pas suffi au français pour s’imposer comme le réseau professionnel de référence. « La concurrence exponentielle de Linkedin en France et dans le monde a joué un rôle crucial dans la chute de Viadeo. Il n’est certes pas son seul concurrent RSP à l’international (Xing en Allemagne), mais en France les deux réseaux se sont tirés la bourre pendant de nombreuses années. La déclinaison en langue française de LinkedIn a été un facteur clé qui a fait basculer de nombreux utilisateurs qui avaient le choix entre ces 2 réseaux. Viadeo n’a cessé de vouloir copier LinkedIn par la suite, mais en moins bien, ce qui lui a donné une image de « suiveur » plus que de « leader » en France ».
Aujourd’hui, LinkedIn affiche une croissance de 20% sur un an et compte plus de 440 millions d’utilisateurs dans le monde. Le leader mondial des réseaux professionnels avait d’ailleurs tapé dans l’œil de Microsoft qui a déboursé plus de 26 milliards de dollars pour en faire « sa structure de réseau social ».

… et a raté sa stratégie de communication

« LinkedIn offre un plus grand panel de profils à l’international que Viadeo. La notion de business est par expérience mieux reçue sur Linkedin. Il y a par exemple moins de tabous pour engager d’éventuels partenariats business sur ce réseau alors que Viadeo est plus en retrait sur cet aspect. Linkedin a également su évoluer, communiquer et valoriser différentes fonctionnalités autour du personal branding, le rachat de Pulse en est un exemple », explique Anthony Rochand, fondateur des Experts du Web.
Si LinkedIn a semble-t-il joué un rôle majeur dans la chute de Viadeo, Franck Perrier perçoit d’autres explications comme son modèle économique trop faible, sa non-réactivité dans sa stratégie de communication ou encore son manque d’innovation. « En 2010 par exemple, à l’ère du tout mobile, Viadeo n’a pas réussi ce virage. L’appli mobile n’était pas très bien pensée, et la plateforme web s’est toujours mal adaptée sur mobile. Des startups se sont positionnées sur ce segment, comme Kudoz qui a crée le « Tinder » de la recherche d’emploi en s’appuyant sur des passerelles avec les profils Linkedin et non sur Viadeo », indique l’expert.

Les Américains jugés plus innovants

Une réalité qui touche d’autres réseaux français, souvent à la traîne derrière les Américains, ce qui s’explique avant tout par leurs différences de modèles économiques. « Les réseaux français n’arrivent pas à se doter d’un modèle économique rentable. Facebook et Youtube ont trouvé le leur, en tablant sur les recettes publicitaires, chose que les réseaux français peinent à exploiter. Ce qui donne un retard financer, donc des financements limités, et un retard technologique important au final », commente Anthony Rochand.
Leur image de marque est également moins bien perçue que celle des Américains, jugés plus innovants. « Les Américains lancent des produits et des nouvelles offres plus régulièrement, et en général,  les utilisateurs aiment les tester avant de les adopter. C’est pour cette raison qu’au final, ce sont des géants de l’informatique qui finissent par les racheter : Google pour YouTube et Microsoft pour Linkedin », conclut Franck Perrier.
Quant à Viadéo, l’avenir reste encore incertain. Le réseau français s’est vu proposer plusieurs offres de reprise qui doivent être examinées par le Tribunal de Commerce de Paris d’ici la fin de l’année. Il faudra donc attendre 2017 pour connaître le mot de la fin.
#Replay : Axel Dauchez, ancien de  Publicis et de Deezer ne compte pas laisser la France à la traîne quand il s’agit de démocratie. Avec Make.org, il lance sa révolution :

@Julie Galeski

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