La Campagne de Fillon marche mal parce qu’une campagne ce n’est… QUE DE LA COMMUNICATION

La Campagne de Fillon marche mal parce qu’une campagne ce n’est… QUE DE LA COMMUNICATION

Publié le 16 février 2017

Une campagne pour gagner une élection présidentielle, est, par essence, un exercice de communication.

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Étymologiquement, communication vient du latin communicare, «mettre ou avoir en commun», mot formé de cum («ensemble, avec») et munis ou munia («charge, fonction»). Le Larousse précise : « Action de communiquer avec quelqu’un, d’être en rapport avec autrui, en général par le langage ; échange verbal entre un locuteur et un interlocuteur dont il sollicite une réponse ».
Ce qui semble n’être pour Monsieur Fillon que de faibles sommes versées sous forme de salaire, comme cela se fait dans l’univers parlementaire, est perçu de manière très négative par les Français. Les tentatives de communication entre les Français et le candidat Fillon sont infructueuses et construisent le socle d’un début de divorce avec le programme qu’il propose.
Deux messages, deux actes de communication s’entrechoquent créant ainsi une injonction paradoxale. D’une part les habitudes de M. Fillon en tant que Député et Sénateur, de l’autre ses ambitions affichées dans sa profession de foi de candidat. Selon le dernier sondage Elabe publié le 9 février 2017, il voit sa côte de popularité passer de la troisième à la dix-huitième place du classement des personnalités derrière Najat Vallaud-Belkacem, Bruno Le Maire ou Marine Le Pen.
L’histoire racontée par la Famille Fillon, qu’elle soit verbale ou para-verbale, empêche l’acte de communication entre un candidat et un peuple de s’opérer jusqu’au bout, car la campagne… ce n’est QUE DE LA COMMUNICATION.

Et que dit la science : pourquoi ce n’est que de la communication

Les chercheurs en communication l’affirment : « une campagne n’a de performatif que ce qu’elle comporte en elle-même ». Une campagne, ne possède que l’intention de l’action. Elle promet l’action. La campagne n’est pas une loi, elle promet des lois ; elle n’est pas une subvention, elle promet une subvention …
Une campagne, mobilise des émetteurs de messages, ce sont les soutiens, les porte-paroles ; ils se mobilisent lors des meetings, à la télévision, en visite ici ou là partout en France. Pour sortir quelques instants de l’épistémologie de la communication et parler plus clairement, une campagne électorale sans « Faut qu’on ; y a qu’à » n’a aucune matérialité.

De surcroit une communication réduite aux acquêts

Désormais la machine d’un homme politique français en campagne repose uniquement sur le contexte et l’état d’esprit avec lequel les journalistes reçoivent les messages du candidat.  Les reporters sont en droit de décider comment relayer ces mêmes messages aux électeurs. En accord avec les principes déontologiques admis par leur profession ; en accord avec les choix éditoriaux admis pour satisfaire leur lectorat, c’est-à-dire l’audience de leur média. L’irrépressible besoin métaphysique de creuser tout ce qui ressemble à un secret d’Etat étant un stimulus dont il ne faut pas minimiser l’importance.
Ce rapport aux journalistes s’est imposé en grande partie depuis que les partis politiques sont limités dans leur financement. Deux lois ont été votées, la loi Chirac (1988) et la loi Rocard (1990), en réponse aux nombreuses affaires de financements occultes qui déstabilisèrent l’ensemble des « familles » politiques. Ainsi, les campagnes ne sont plus un acte de communication total, telles qu’elles s’expriment avec emphase aux USA, engluant les écrans de TV à grand coup d’achat de spots publicitaires relayant parfois des messages aux portes du concept de post-vérité ou d’hyperbole véridique.
Lorsque les messages n’adhèrent pas dans les médias, la campagne est moribonde. Ceci explique pourquoi les attelages politiques s’en prennent aux médias, aux journalistes, crient au coup monté, au lynchage médiatique et à je ne sais quel autre dieu de la manipulation…
A travers ce prisme il est possible de mieux décrypter l’ouragan subit par le Candidat Fillon et mesurer pourquoi la confiance mesurée par les instituts de sondage s’effondre.
Pour résumer, une campagne est intrinsèquement et principalement de la Communication. Mais comme toute communication, lorsque le message émis n’est pas reçu comme il se doit, l’ambition s’effondre. Le choix fait par le candidat de la Droite et du centre de laisser le dialogue juridique à ses avocats pourra être rapidement apprécié. La théorie de Kantorowicz a démontré que le roi possède deux corps (le sien et celui de la fonction). Conscient de cela, le candidat sépare les deux corps qui constitue son personnage. D’un côté le personnage soumis à la question par la justice et les médias intéressés par l’affaire dite Penelope Gate sur les médias sociaux ; de l’autre le candidat en campagne à la conquête de l’Elysée.
Nous verrons rapidement si la tactique est efficace pour communiquer avec son électorat et surtout l’élargir. Pour in fine permettre, comme le disait le Général De Gaulle, la rencontre d’un homme et d’un peuple. Le Général n’oublia pas, à la différence de certains de ses exégètes, de rappeler l’importance des circonstances. Lors de cette élection présidentielle, les circonstances sont déroutantes. Les primaires ont apporté leurs lots de surprises. Il semblerait que ça continue, encore et encore…

Jacky Isabello

Co-Fondateur de CorioLink

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