Big Moustache : challenger des géants anglo-saxons, se casser la gueule… et rebondir [Interview]

Big Moustache : challenger des géants anglo-saxons, se casser la gueule… et rebondir [Interview]

Publié le 3 mars 2017

Après avoir frôlé la catastrophe en octobre dernier suite à une mésaventure avec des investisseurs, Big Moustache compte bien continuer de challenger les géants Gillette et Wilkinson. Nicolas Gueugnier, fondateur de la startup qui revisite le rasage revient sur cette période qui a marqué sa vie d’entrepreneur. 

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Vouloir challenger des géants comme Gillette et Wilkinson c’est un peu un pari fou, qu’est-ce qui t’es passé dans la tête quand tu as décidé de lancer Big Moustache ?
Une envie de faire bouger les lignes à travers des mauvaises expériences vécues dans la salle de bain et au supermarché. Je me suis rendu compte que j’utilisais toujours le même rasoir depuis Dauphine, un rasoir offert par Gillette au week end d’intégration. J’étais quand même rassuré au départ quand j’ai vu qu’un américain avait lancé le même service. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire. J’aime les challenges de toute façon, il me fallait un bon défi !
Comment ont réagi tes proches ?
Très bien ! Ils connaissaient ma passion pour entreprendre, mener des projets, mettre en musique des idées pour les convertir en actions. Ils étaient ravis de me voir démarrer ce défi.
La mode est plus aux hipsters barbus aujourd’hui, qu’est ce que tu leur dirais pour les convaincre de couper leur barbe et d’utiliser ton service ?
Pas besoin de la couper ! On s’occupe aussi des barbus qui prennent soin d’eux. On leur propose des produits de qualité, fabriqués en France, pour huiler, peigner, soigner tout simplement leur poil. Ils peuvent recevoir une lame de temps en temps pour bien faire les contours de leur barbe. On veut être le réflexe des hommes qui cherchent le meilleur rapport qualité-prix et des conseils au poil pour utiliser nos produits.
En octobre, Big Moustache a frôlé la catastrophe à cause d’investisseurs qui ont fait faux bond… Ils vous ont donné des explications ?
Officiellement, ils ont décliné parce que leur comité a refusé le dossier. Mes interlocuteurs étaient soi-disant partants mais leur comité non. Officieusement, ils avaient un autre dossier sur le feu et ils ont arbitré entre les deux. C’est la vie des affaires, je n’en fais pas une maladie, sur le plan humain ce ne sera pas ma dernière déception des nombreuses rencontres que je peux faire.

«J’ai écrit un article sur LinkedIn : une sorte de thérapie»

À quoi ont ressemblé les semaines qui ont suivi, ça n’a pas été trop compliqué ?
En raccrochant avec les investisseurs, j’ai tout de suite envoyé un email à mes actionnaires pour les avertir que j’allais proposer la liquidation à mon rdv prévu 10 jours plus tard au tribunal de commerce. Dans la foulée, j’ai écrit un article sur LinkedIn pour expliquer ce qui venait d’arriver. C’était aussi un article écrit pour extérioriser, une sorte de thérapie. Il a été énormément lu, partagé et commenté dès le lendemain.
Ensuite tout est allé très vite et je me souviens de cette période comme d’une période très riche et challengeante, car je n’avais que quelques semaines pour redresser la barre. D’un point de vue pro, il a fallu trouver des solutions pour gérer le day to day avec des commandes records pour la période, anticiper Noël, tout en construisant un nouveau business plan et en cherchant à convaincre de nouveaux investisseurs, le tout avec des comptes dans le rouge. 
Et d’un point de vue personnel ?
Honnêtement, j’étais content de retrouver mes proches les soirs et week-ends. Ma famille et mes amis m’ont  beaucoup aidé. Ils venaient me soutenir pour réaliser les commandes. Je crois qu’ils y croyaient autant que moi. C’est sans doute ce qui fait que je n’ai pas baissé les bras.
Justement, dans ces moments là, ça paraît tellement plus simple de tout abandonner. Toi tu as su rebondir…
Oui, parce que je n’étais pas seul. On rebondit parce qu’on a des salariés qui ont confiance en nous et qu’on ne veut pas décevoir. Parce qu’on a des fournisseurs qui ont fait des efforts et qu’on ne veut pas les planter du jour au lendemain. Je ne pensais plus à moi, sinon j’aurais sûrement abandonné. Je pensais aux autres, à tous ceux qui étaient engagés dans l’aventure : Friends & Family qui avaient investi dans Big Moustache, tous ceux qui partagent de près ou de loin mon aventure ont été des moteurs à ce moment là pour avancer.
Depuis, Sia Partners a investi 500K€ dans ta startup, qu’est-ce qui les a convaincus ?
Le projet et l’équipe en place. Ils ont compris que le problème de Big Moustache venait de sa configuration initiale avec un seul associé opérationnel, en l’occurence moi, sans profil marketing, et puis notre site, qui a été développé sur une techno non adaptée à du e-commerce.
Ils ont été convaincus que l’on pouvait facilement repartir sur une nouvelle version et embaucher des profils marketing pour accélérer. Ils ont aussi considéré que la marque avait une notoriété intéressante et qu’il fallait juste un peu de fuel en plus pour redémarrer.
2017 est déjà bien entamée, quels sont les enjeux ?
Il y en beaucoup ! Présenter au plus vite le nouveau visage de Big Moustache à travers un nouveau site qui sera prêt en mai, une expérience utilisateur plus adaptée, un abonnement amélioré, des produits détaillés avec avis et conseils d’utilisation.
Je compte aussi recruter des potentiels marketing et business developpers pour accélérer notre plan de communication digitale et opérationnelle pour faire connaître notre marque au plus grand nombre.
Si demain, tous les hommes décident d’arrêter de se raser, dans quoi te reconvertirais-tu ?
C’est une question compliquée ! Franchement, il y a dix mille choses que je voudrais faire dans ma vie. Je rêve d’avoir des dizaines de casquettes et de pouvoir à nouveau trouver un défi avec un challenge excitant. Après si on reste sur la barbe, il y a beaucoup de choses à faire. Désormais elle est tolérée dans tous les milieux professionnels et elle demande à être taillée et façonnée. Ça peut me permettre d’accélérer sur un développement de barbershops que nous avons déjà chez Big Moustache 😉

@Julie Galeski

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