Formation professionnelle : un secteur encore trop peu digitalisé

Formation professionnelle : un secteur encore trop peu digitalisé

Publié le 18 mai 2017

BoosIntLyon fait le point avec Henri, cofondateur de Digiforma, sur l’évolution du secteur de la formation professionnelle, pour lequel près de 15 milliards d’euros supplémentaires devraient être alloués dans les prochaines années. Très peu numérisé, les opportunités y sont encore nombreuses, et Digiforma s’y attelle progressivement. [Le Blog de BoostInLyon] 

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Dans l’ombre des startups sexy qui uberisent, bouleversent et disruptent la société, des petites mains sont à l’oeuvre pour fluidifier les pratiques des professionnels, sans forcément passionner le grand public. On fait le point avec une entreprise qui change les règles du jeu, à sa manière, et sur un secteur qui aurait bien besoin d’un coup de boost !
BoostInLyon : Rapidement, Digiforma, qu’est-ce que c’est ?
Henri : Digiforma est une startup qui a été accompagnée lors de la 8ème promotion de BoostInLyon (l’accélérateur de startups lyonnaises), en février 2016. À l’origine, il s’agissait d’un service de présentation type PowerPoint axé sur l’interactivité pour dépoussiérer la formation en ligne et en présentiel. Digiforma a bien évolué et propose, aujourd’hui, une solution pour les centres de formation mariant gestion administrative et outillage pédagogique numérique.

« On forme en 2017 comme on formait en 1990 »

B : Parle-nous du marché de la formation professionnelle…
H : En arrivant à BoostInLyon, nous avions déjà identifié un besoin puisqu’auparavant, nous avons travaillé 7 ans dans le milieu de la formation, à développer des solutions très sophistiquées d’e-learning. On s’est rendus compte que ce secteur était finalement très peu numérisé. On a l’impression qu’il l’est parce que les très grands groupes en parlent : ils font du e-learning, les universités parlent du secteur de la Ed Tech, les enfants aussi sont ciblés… Mais la formation professionnelle, de son côté, c’est 35 milliards par an et c’est très peu digitalisé.
On forme en 2017, comme on formait en 1990, en utilisant les techniques pédagogiques et des modèles qui datent des années 1950. L’outillage de gestion administrative quant à lui, se résume bien souvent à un Excel un peu élaboré.
BoostInLyon nous a permis de remettre l’adaptabilité au cœur de notre métier : c’est un domaine où il y a beaucoup de petits acteurs, des petits centres de formation et des formateurs indépendants, avec une pression administrative et concurrentielle très forte. C’est donc important d’être adaptable dans nos produits, mais aussi d’aider ces gens-là à s’adapter. Ils sentent venir la vague du e-learning, du numérique, mais ils ne savent pas comment s’y prendre. Depuis janvier, une réforme force les organismes de formation à mettre l’accent sur une démarche qualité. Le secteur tremble, est déstabilisé dans ses pratiques habituelles. C’est un ensemble d’opportunités qui se présente pour les innovateurs et les startups qu’il est temps de saisir !
B : Comment as-tu  choisi de répondre à ce besoin ?
H : Dans l’idéal, il faudrait être capable de numériser tous les acteurs du secteur: formateurs, organismes, financeurs, commanditaires… Notre approche est de répartir les besoins numériques les plus ardents : remplacer Excel par un vrai outil dédié de gestion administrative, et offrir une solution simple pour adresser le nouvel enjeu qualité qui s’impose désormais. Notre vision est d’accompagner très loin les clients dans le potentiel du numérique, mais pas à pas, en partant des usages simples.
Aujourd’hui, nous avons récolté 200 utilisateurs sur la version bêta privée, ce qui est une excellente acquisition pour une phase de test. Comme dans tous les business, c’est fondamental d’aller au contact de nos clients : on a vraiment ressenti une résonance avec ce qu’on propose. Reste à rendre l’outil facile à prendre en main ! Mais notre travail sur l’ergonomie à l’air de payer particulièrement dans ce domaine peu technophile.

Promouvoir une nouvelle façon de former

B : Le challenge de demain ?
H : Le vrai enjeu est de trouver un chemin pour aider les organismes de formation à mettre le pied à l’étrier du e-learning. Est-ce qu’on va être capable d’aller au-delà de ce socle administratif et permettre aux formateur de passer à l’e-learning facilement ? Sont-ils prêts à payer ? On veut leur permettre de faire du business de façon différente. Dans un secteur où les tarifs s’écroulent, on veut aider nos clients à inverser la tendance. Au-delà de ça, on veut promouvoir une nouvelle façon de former, prolongeant la phase d’apprentissage formel pour accompagner le stagiaire dans la mise en application des compétences dans le cadre de son travail, et de ses relations avec ses collègues. L’enjeu est fondamental, il est du devoir des formateurs de mesurer la qualité et donc le transfert des acquis à l’issue des formations.
B : Et BoostInLyon dans tout ça ? Pourquoi passer par un accélérateur ?
H : Notre constat était que le secteur du e-learning était enfermé dans sa niche des besoins des grands groupes. Après 7 ans dans le domaine, notre champ de vision s’était rétréci et pour réinventer une nouvelle approche, nous avions besoin d’un œil extérieur et d’un processus qui pouvait nous aider. Nous n’avions pas besoin d’une expertise particulière mais surtout d’un bon sens porté par l’équipe et d’une intelligence collective de tous les accélérés. À BoostInLyon, tu veux un œil extérieur, t’en as pas qu’un, t’en as 20 !
B : Qu’est-ce-que ça t’a apporté ?
H : Après 4 mois d’accélération, puis un an dans la communauté, on n’a jamais été aussi optimistes pour l’avenir. On a pu aller au contact du marché, identifier le besoin des clients. Chez BoostInLyon, on se rapproche d’une dimension de co-développement, c’est une communauté d’entrepreneurs et on ressent bien la mission associative quand on y est. Durant l’accélération, il n’y a pas eu de ralentissement de l’activité on a juste été davantage focalisés sur l’objectif à atteindre avec une certaine sérénité et un parcours à suivre. Et ça finalement, c’est un grand luxe pour un entrepreneur.
B : Bon du coup, quelles sont tes tuyaux si on veut entreprendre dans le secteur de la formation professionnelle ?
H : Tout d’abord, mon conseil, c’est de vous rapprochez d’un accélérateur car c’est un secteur où l’on a besoin d’être très carré sur le processus de collecte des besoins et du test d’idée sur le marché, c’est fondamental d’être accompagné sur cette partie. Autre point, les évolutions juridiques : jetez un œil sur la réforme de la qualité ! Tous les organismes de formation sont perdus, le moment est idéal pour les accompagner et réinventer le service, l’accompagnement, la certification,… c’est un marché qui va être obligé de se structurer à cause de cette réforme. Beaucoup de formateurs indépendants vont, malheureusement, disparaître car la démarche devient obligatoire et lourde à suivre. Si on ne veut pas que le secteur soit monopolisé par quelques gros acteurs, il y a là une opportunité pour aider les petits à se structurer.
B : Comment en savoir plus sur Digiforma ?
H : Vous pouvez créer facilement un compte. Digiforma, le logiciel de gestion de centre de formation propose une version gratuite, et un modèle tarifaire premium adapté aux formateurs indépendants.

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