Les Déterminés : « Un entrepreneur, c’est l’énergie, l’envie, la volonté, pas un diplôme ou une classe sociale »

Les Déterminés : « Un entrepreneur, c’est l’énergie, l’envie, la volonté, pas un diplôme ou une classe sociale »

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Moussa Camara, président de l’association Les Déterminés forme les entrepreneurs de demain. Il sélectionne les talents cachés dans les quartiers dits « défavorisés » pour concrétiser leurs projets et les connecter à l’écosystème entrepreneurial.

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Depuis tout petit, Moussa Camara veut entreprendre. Malgré une scolarité secondaire tumultueuse, il poursuit dans l’enseignement supérieur, mais en alternance. C’est à ce moment qu’on lui donne l’opportunité d’entreprendre : on lui confie un contrat dans un grand groupe Télécom.

Et Moussa en est persuadé : « Si j’avais été suivi dans mon projet et si j’avais eu toutes les informations nécessaires; ce que j’ai fait tout seul aurait été encore mieux. Je n’avais jamais entendu parler des CCI ou des incubateurs par exemple. Mais même informé, je n’aurais pas pu profiter de ces dispositifs car, à l’époque, j’avais tout dans la tête mais rien de présentable à l’écrit », raconte-t-il. Pourtant, ces difficultés qu’il conte n’ont pas empêché Moussa Camara d’entreprendre.

« Aux États-Unis on a l’habitude de mixer le business avec le social. En France, c’est tabou »

Aujourd’hui, l’entrepreneur cergyssois met son expérience et son savoir-faire au service des autres en créant sa première association dans son fief : Cergy-Pontoise. L’association Agir Pour Réussir cherche à régler les problèmes sociaux rencontrés par la population locale : logement, formation, emploi… En étudiant plus amplement ces questions, Moussa Camara arrive à une conclusion : pour lui les problèmes sociaux sont liés aux problèmes économiques. Et, c’est seulement en prenant en compte cette interdépendance qu’on peut lutter contre la précarité dans les quartiers.

Une prise de conscience liée à un voyage aux États-Unis : « Là-bas, on a l’habitude de mixer le business avec le social. En France, c’est tabou. On parle d’économie sociale et solidaire pour tenter de masquer une réalité. Mais pour qu’il y ait une justice sociale, il faut une justice économique ! », explique l’entrepreneur.

Dans cette optique, il fonde les Déterminés une association qui vise à accompagner tout ceux qui souhaitent entreprendre. Une alternative au chômage et à la délinquance ? Moussa Camara ne se considère pas comme LE rempart susceptible de mettre fin à ces fléaux, mais il sait qu’il y contribue indirectement en aidant les populations défavorisées à entreprendre.

Une association qui « révèle des personnalités d’entrepreneurs, là où on ne les attend pas »

Moussa Camara n’aime pas l’expression « Aider les populations défavorisées ». Son association « révèle des personnalités d’entrepreneurs, là où on ne les attend pas ». Il décrit l’autocensure des jeunes issus des quartiers jugés « sensibles ». Il compte y mettre fin en démocratisant l’entrepreneuriat au sein des quartiers. Le président des Déterminés fait fi des conventions et des codes : « On explique que quand on veut, on peut entreprendre. Et ce, quel que soit son origine, son âge ou son projet. L’association les Déterminés les aide ensuite à aller jusqu’au bout de leur idée, de leur rêve… ». Comment ?

Elle accompagne ses déterminés de la genèse de l’idée à l’exécution du projet, en 5 étapes. Etape 1 : « Grâce à un coaching, faire monter en puissance les personnes qui entrent dans la formation ». Les autres étapes vont de la rédaction du business plan à la familiarisation avec les médias et les outils de communication, en passant par la maîtrise de la comptabilité, la fiscalité…

L’accompagnement dispensé par des professeurs, des chefs d’entreprise, des banquiers, des avocats est personnalisé en fonction du profil des futurs entrepreneurs.

« L’entrepreneuriat est une école de la vie. On tombe, on se relève et on avance »

À l’issue de la formation : les déterminés passent un oral devant un jury qui leur donnent les derniers conseils avant de les lâcher dans la nature. « Certains lancent leur startup, d’autres continuent de la développer, retournent à l’emploi ou se rendent compte des limites de leur projet. Ça marche et, d’autres fois ça ne marche pas. L’entrepreneuriat est une école de la vie. On tombe, on se relève et on avance. Même quand on croit avoir échoué, on gagne en expérience ».

Pour le moment, les bénéficiaires de l’association créée par Moussa Camara n’ont jamais abandonné leur formation pourtant « c’est un stage intensif », précise le président des Déterminés. Un succès qui  encourage et stimule Moussa Camara. Sa nouvelle ambition : se développer partout sur le territoire national et sans ségrégation territoriale : « dans les milieux ruraux, urbains, nous voulons aider les déterminés ».

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