Pradeo: « En France, les investisseurs brident l’ambition des entrepreneurs par manque de goût du risque »

Pradeo: « En France, les investisseurs brident l’ambition des entrepreneurs par manque de goût du risque »

Publié le 18 juillet 2017

Pradeo se considère comme « l’expert de la sécurité mobile ». Il arrive sur le marché en 2013 et s’intéresse au boom des téléphones et des applications mobiles. La startup cherche à accompagner cette dynamique en sécurisant les échanges de données numériques. 

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Sécuriser les données. Clément Saad, président et CEO de Pradeo, est entré dans le monde de l’entrepreneuriat après avoir soutenu une thèse en lien avec la sécurité numérique pour le Ministère de la Défense. Avec Stéphane Saad (CSAO) et Vivien Raoul (CTO), ils sécurisent les données des utilisateurs de smartphones et autres terminaux numériques.
Widoobiz: Votre service de sécurisation répond-t-il à un réel besoin ?
Clément Saad: Dans le monde, on télécharge 250 000 applications par minute donc notre service qui analyse les effets d’une application sur les données personnelles répond à un réel besoin. D’ailleurs, les antivirus ne sont plus adaptés aux applications récentes donc il y a bien un marché pour notre service. Certes, nous avons dû faire 5 ans de R&D mais, aujourd’hui, nous avons noué des partenariats avec des grands groupes comme IBM, Samsung, Microsoft ou VM Ware.
W: Lors de votre période de développement, par qui avez-vous été soutenu dans votre projet ?
C.S: De très loin, Bpifrance a été notre meilleur partenaire financier. Il nous a fait confiance dès le début, et si il n’avait pas été là, nous n’aurions pas été capables de financer notre R&D. D’ailleurs, Bpifrance est un bel outil qui ne demande qu’à suivre le courage des investisseurs. Il pallie le problème lié au financement des entrepreneurs en France.  Les investisseurs rechignent à investir en capital-risque et des projets ambitieux, prometteurs peuvent ne pas voir le jour. Je pense, qu’il faut être capable de reconnaître qu’une société a un gros potentiel à l’échelle mondiale et savoir prendre un risque.
W: Pensez-vous que cette peur du risque caractérise exclusivement les investisseurs français ?
C.S: En partie. Je vais vous donner un exemple. Je me souviens de ma rencontre avec un investisseur français. Il a adoré ma présentation et m’a écouté durant tout mon pitch.  Quand il a fallu parler chiffres, il a avancé une somme médiocre. Pour le même motif, j’ai présenté ma société à un investisseur américain, il était avachi sur son fauteuil pendant toute ma présentation, mais quand j’ai commencé à lui parler de risque, de leadership et d’ambition internationale, il s’est redressé et s’est intéressé à mon projet. Je pense qu’en France, la plupart des investisseurs brident l’ambition des entrepreneurs par manque de goût du risque. Heureusement, des acteurs comme Bpifrance sortent de ces clous.
W: Votre service répond à une défaillance de la législation en matière de protection des données personnelles. Pensez-vous qu’il faille réformer les textes relatifs à la sécurisation des données ?
C.S: Quand on se regarde, on s’inquiète mais quand on se compare, on se rassure ! On peut toujours faire mieux, mais notre législation est déjà satisfaisante. Aux Etats-Unis, la régulation et la protection des données privées est beaucoup moins importante. Il y a une déréglementation accrue chez nos voisins américains alors qu’en Europe et en France, la législation est plus stricte. Certes, on pourrait aller plus loin. D’ailleurs, Pradeo a longtemps porté une initiative qui œuvrait en ce sens. Nous voulions créer un label qui certifierait que les applications ne volent pas de données, n’engendrent pas de frais bancaires… L’initiative a été reçue favorablement, mais elle s’est heurtée à l’inertie politique. En même temps, il est difficile pour une startup d’être moteur sur des thématiques d’avenir : le numérique.
W: Justement, comment voyez-vous l’avenir du numérique ? Selon vous, comment évolueront les applications, le digital ?
C.S: Je pense que nous sommes actuellement dans une phase de création d’application mais je pense que le volume global devrait se stabiliser. Je pense que télévision et autres appareils connectés seront pilotés depuis les smartphones via des applications qu’il va falloir conceptualiser. La sécurisation de ces objets se fera peut-être avec des points de vigilance différents. Il va donc falloir s’adapter à ces nouvelles innovations.
W: Aujourd’hui, quelle est la place de Pradeo sur le marché mondial ?
C.S: Aujourd’hui, selon le cabinet d’audit et de conseil américain Gartner, Pradeo n’a que deux concurrents à l’échelle internationale, mais aucun d’entre eux ne fournit un service aussi précis que le nôtre : analyser une application et révéler tout ce qu’elle va faire sur un téléphone : accès, utilisation, transfert de données. Nous sommes donc les seuls à offrir ce service. On a sûrement dû se dire “ mais qui sont ces petits montpelliérains qui s’imposent sur le marché ” (rire).

Khadija Adda-Rezig

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