Les patrons d’aujourd’hui seront-ils les présidents de demain?

Les patrons d’aujourd’hui seront-ils les présidents de demain?

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À l’heure où les GAFA ont leur propre ambassadeur au Danemark, au même titre qu’une nation, les patrons de ces géants du numérique sont devenus tout aussi influents (voire plus) que certains Présidents. Mais Mark Zuckerberg ou Xavier Niel, en France, seraient-ils capables de gouverner un pays ? 

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« En France, le système protège le système, même s’il est défaillant.» Pour Denis Jacquet, Président de Parrainer la Croissance, notre démocratie se rapprocherait plus d’une Oligarchie. Car, c’est une réalité que nul ne peut contester : une certaine élite « auto-proclamée », issue des mêmes écoles, se partage un certain nombre de postes à la tête de l’État. Et si le MEDEF ou la CPME s’essaient régulièrement à exercer un contre-pouvoir, leur marge de manoeuvre reste faible.

Les entreprises créent de la croissance, mais les politiques dirigent. Seuls les patrons du Numérique à l’instar de Niel ou Granjon commencent à développer une influence. Pour les autres, petites et moyennes entreprises [qui représentent plus de 99% de l’ensemble des sociétés françaises], il faudra repasser pour se faire entendre.

« Aux États-Unis, Trump ou pas Trump, les entrepreneurs sont les plus forts.»

Aux États-Unis, contrairement à la France, l’économie pèse dans la balance. « Aux États-Unis, Trump ou pas Trump, les entrepreneurs sont les plus forts. L’économie est reine. Si le Président décide de ne pas suivre les accords internationaux sur le climat, cela n’empêche pas la Californie d’investir dans l’économie durable. Là-bas, la R&D, la Santé, ce n’est pas le gouvernement, ce sont les entrepreneurs à la Bill Gates ou Elon Musk qui sont derrière », soutient le militant de l’entrepreneuriat.

Mais pour autant, ces « people entrepreneurs » made in US seraient-ils de bons présidents ? « Pour la France, je ne sais pas si un entrepreneur ferait le job, mais Outre-Atlantique, si Zuckerberg décidait de se présenter, il pourrait le devenir », imagine-t-il. Non pas grâce au charisme du fondateur de Facebook, mais par la puissance inégalée du mastodonte des réseaux sociaux.

« Il y a une étude qui a été faite à partir des « like » sur Facebook. À partir de 10 ou 15 « like », on pouvait définir le profil de la personne. À terme, le réseau serait capable de déterminer exactement pour qui vous allez voter, à quel point vous êtes indécis, et quelles sont les raisons qui vous feraient voter pour un candidat », explique Denis Jacquet.

« Si Zuckerberg décidait de se présenter, il pourrait devenir Président »

Mais une fois élu, le patron du réseau aux 2 milliards d’utilisateurs serait-il meilleur qu’un autre ? Avant de devenir l’homme le plus puissant de la planète, Donald Trump appartenait au monde des entrepreneurs, quand bien même la promotion immobilière reste un secteur d’activité très différent des autres. S’il a essuyé quelques naufrages financiers, celui qui a fait de la provocation sa marque de fabrique demeure un business man (et non un self-made man), à la tête d’un empire de quelques centaines de millions de dollars.

Pourtant, Président Trump ne cesse de prendre de décisions catastrophiques à l’échelle internationale. « Être un bon entrepreneur ne signifie pas que l’on sera un bon président, au contraire. La politique ce n’est pas un hobbie du week-end. On ne gère pas une entreprise comme on gère un État », ajoute le multi-entrepreneur.

« Certains exemples sont la preuve que les Français ne pourraient pas se retrouver dans une politique menée par un Présid’Entrepreneur. »

Contrairement aux Politiques qui doivent gouverner pour l’ensemble de la nation, les entrepreneurs risqueraient de ne gouverner qu’en faveur des entreprises. Certains exemples sont la preuve que les Français ne pourraient pas se retrouver dans une politique menée par un Présid’Entrepreneur.

« Il y a quelques temps, Denis Payre, fondateur de l’entreprise Kiala, et de l’association Croissance Plus a totalement décrédibilisé les entrepreneurs. Il a monté le Mouvement Nous Citoyen et l’a planté. Il a quitté la France, puis et revenu avec un discours complètement déconnecté de toute réalité. « J’ai quitté la France parce que je n’arrivais pas à payer mon ISF ». C’est honteux. Comment voulez-vous que les Français se retrouvent la dedans ? », raconte-t-il.

« Demain, si Simoncini se présentait, je suis persuadé qu’il ferait 0,003% des votes. »

Idem pour Marc Simoncini, fondateur du – mythique – site de rencontres, le plus gros « imposteur de la place », selon Denis Jacquet. « Il a vendu son entreprise alors qu’elle ne rapportait rien. Une boîte, pour être humainement acceptable doit être économiquement perenne. Demain, si Simoncini se présentait, je suis persuadé qu’il ferait 0,003% des votes. » ajoute le président de Parrainer la Croissance qui dénonce la peoplisation des entrepreneurs.

« Ceux qui pourraient donner des leçons ne sont pas forcément les entrepreneurs les plus  connus. L’entrepreneuriat doit arrêter de tourner autour de son nombril parisien. Quand les choses auront évolué, il y aura un vrai changement. Mais pour l’heure, un patron à la tête de l’État, je n’y crois pas ».

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