Sphères magazine : le défi du format long, dans un monde qui n’a pas le temps

Sphères magazine : le défi du format long, dans un monde qui n’a pas le temps

Sphères

[Best-of] Et si nous regardions notre monde au travers d’un nouveau prisme ? Et si nos passions nous permettaient de comprendre autrement la société dans laquelle nous vivons ? C’est le défi que se sont lancé les trois fondateurs de Sphères, un magazine de long format partant à la découverte, tous les trois mois, d’une nouvelle communauté de passionnés.

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Qu’ont en commun les fumeurs de pipes, les plongeurs sous-marin et les cavaliers ? Ils sont tous passionnés. Ces passions, aussi diverses soient-elles, ont une histoire à raconter et en disent beaucoup sur le monde dans lequel nous vivons. C’est cette idée que les fondateurs de Sphères Lucas Bidault, César Marchal et Simon Rossi, ont placée au cœur de leur beau projet entrepreneurial.

Sphères : prendre le temps d’écrire de longues histoires

Le magazine Sphères est né en 2019 sous l’initiative de Lucas Bidault, César Marchal et Simon Rossi. Les deux premiers poursuivent alors des études de journalisme et sont adeptes du long format. Le dernier, diplômé d’école de commerce, adore lire et écrire. Ce qui les intéresse, c’est de prendre le temps. Le temps de raconter de longues histoires. Le temps d’investiguer. Bref, le temps d’écrire avec leurs propres mots. Ils imaginent alors Sphères, un magazine de 144 pages, illustré et laissant toute la place à des articles longs et recherchés. À contre-courant, le magazine se fiche bien de l’injonction au format court et prêt à consommer. Sphères assume sa personnalité, ne suit pas la tendance et se vend, à l’ère du numérique, en version papier.

Tant dans le fond que sur la forme, le magazine apporte un soin particulier au détail. Le choix des sujets et des angles offre un œil neuf sur ces communautés parfois méconnues, voire stéréotypées. La qualité des interviews et des enquêtes, l’attention particulière à utiliser le mot juste, même lorsqu’il s’agit d’un vocabulaire spécifique, a de quoi séduire les plus fins connaisseurs comme les grands curieux. « On ne peut pas être à la fois spécialiste de la plongée, du pèlerinage, du tatouage et de l’équitation. Pour être franc, aucun de nous n’est issu de ces milieux. Donc à chaque numéro, nous faisons appel à un ou une rédactrice en chef invité. Lui-même spécialiste du sujet, il a un rôle de conseil sur les thèmes que nous traitons. » confie Simon Rossi.

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La passion : fenêtre ouverte sur le monde

Les histoires racontées dans Sphères sont celles de nombreux passionnés qui, à chaque numéro, se laissent étudier à la loupe. Pour choisir la communauté qui sera mise à l’honneur dans le magazine, les trois fondateurs ont quelques critères. Sur le plan purement objectif, il faut que la communauté soit assez étendue et soit partagée par de nombreux adeptes. Mais le critère le plus important est que cette thématique jette un regard sur l’époque. « On s’est aperçu que les médias abordent souvent les sujets de société à travers la politique, l’économie ou les faits divers.  Mais il existe un sujet assez peu utilisé pour décrire le monde dans lequel nous vivons : celui de la passion. Pourtant, les passions disent quelque chose de notre société. On a donc publié cinq, bientôt six, numéros présentant à chaque fois une communauté. Mis bout à bout, ils présentent une sorte de panorama pictural de l’époque. » explique Simon Rossi.

Par exemple, le numéro 5 sur les cavaliers parle du rapport à l’animalité. Le numéro 3, sur le pèlerinage, traite du rapport à la spiritualité et à la nature. Pour les reconstitueurs, stars du numéro 4, c’est le rapport à l’histoire et au passé qui est mis en avant. Le numéro 6, à venir, traitera quant à lui des tatouages et étudiera le rapport au corps. « Les fumeurs de pipe était un peu plus un sujet de niche, mais paradoxalement ça a bien marché ! La grille de lecture sociétale était bien présente. Il y a deux choses qui ont pu être explorées dans ce numéro. D’une part le fait main et l’artisanat. D’autre part, le rapport au temps long. On a quand même passé quatre mois avec des gens qui passent trois quart d’heure par jour à regarder les nuages en fumant une pipe. C’est presque un luxe de pouvoir faire ça aujourd’hui. » témoigne Simon Rossi.

Petites communautés, grandes histoires…et fidèle lectorat

En s’intéressant à des sujets de « niche », les trois associés pensaient s’adresser à un tout nouveau lectorat à chaque numéro. Mais au fil des publications, ils découvrent avec étonnement un public fidèle, désireux d’en apprendre davantage sur des communautés encore inconnues pour eux. « On s’est aperçu qu’on avait une part de lectorat « généraliste ». Ça a eu un impact sur notre modèle économique. À la base, on ne voulait être présent qu’en ligne ou en point de vente spécialisé. Et finalement on a décidé de se développer en librairie et notamment dans les Relay en gare. » ajoute Simon Rossi.

Aussi, après un an et demi d’existence, cinq numéros publiés et un sixième en préparation, l’équipe estime qu’il est grand temps de se donner les moyens de leur ambition. Ils prévoient donc d’entamer une levée de fonds afin d’imprimer plus, de communiquer avec plus de force et de franchir une nouvelle étape. Une ambition qui leur laisse assez peu de temps pour s’adonner à leur propre passion, comme le confirme Simon Rossi. « Étudier ces cercles de passionnés ne nous laisse pas le temps d’avoir notre propre passion, s’amuse-t-il. Mais nous, notre passion c’est d’écrire sur ces gens-là ! »

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