C’est l’histoire des matins qui se suivent et se ressemblent, de ces jours qui font suite à l’urgence des premiers temps, à la légèreté de la jeunesse. Le monde d’après l’insouciance, où tout est plus lourd, complexe. Dans son dernier roman, Bien-être publié aux éditions Gallimard, l’auteur américain Nathan Hill peint avec brio la fresque d’une époque, faites de grands espoirs et de réveil amers.
L’intrigue en quelques mots :
À l’aube des années 1990 à Chicago, en pleine bohème artistique, un homme et une femme vivent l’un en face de l’autre et s’épient en cachette. Rien ne semble les relier — elle est étudiante en psychologie, lui photographe rebelle. Mais lorsqu’ils se rencontrent enfin, le charme opère et l’histoire d’amour démarre aussitôt entre Elizabeth et Jack. Ils ont la vie devant eux et, même si leurs rêves et leurs milieux divergent, ils sont convaincus que leur amour résistera à l’épreuve du temps. Mais qu’en est-il vingt ans plus tard ?
Avec Bien-être, Nathan Hill réussit le tour de force de dépendre un réel désenthousiasmé, sans tomber dans la pathos. Le livre est drôle, enlevé, avec ce qu’il faut de cynisme et d’acidité. Disons-le clairement, si vous approchez de la quarantaine, que votre couple bat de l’aile suite à la naissance du premier enfant, que votre carrière n’est pas celle dont vous rêviez, vous ne serez pas dépaysé.
La décennie 90, si proche et si lointaine fait ici office de décor de choix, entre souffles libertaires et réalités économiques avec, au milieu de ce tourbillon, une histoire d’amour finalement très commune, à laquelle Nathan Hill donne une dimension finalement universelle. Un livre brillant, tout simplement.