Taxis-Uber : la France a toujours eu du mal avec la concurrence

Taxis-Uber : la France a toujours eu du mal avec la concurrence

Publié le 26 juin 2015

Les taxis ont agi avec force hier pour dénoncer la « concurrence déloyale » de Uber. Ce n’est pas la première fois que cela arrive en France.

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La guerre est déclarée. Dans toute la France, les conducteurs de taxis ont bloqué les aéroports des grandes villes. Certains s’en sont même pris à des conducteurs de VTC. Plusieurs voitures ont été retournées, certaines incendiées. Le siège social à Lyon a même dû être protégé par les forces de l’ordre.
Les taxis concentrent leur haine sur Uberpop, qui permet à des particuliers de transformer leur voiture en taxis via une application mobile. Bien sûr, ces chauffeurs ne possèdent pas de formations spécifiques et ne cotisent pas à la sécurité sociale. Ce qui leur permet de casser les prix. D’autant plus avantageux qu’ils n’ont même pas à craindre la loi Thevenoud qui interdit Uberpop. L’entreprise américaine paie tous les dommages subis aux chauffeurs.

La France n’a jamais aimé la concurrence

Une colère « légitime », diront certains. Mais l’activisme violent des taxis a choqué beaucoup de français. Certains n’hésitent d’ailleurs pas à les ridiculiser sur Twitter. « Je viens de me faire tabasser par une bande de facteurs pour avoir envoyé un e-mail au boulot. Ce pays part en vrille », raconte le compte Batchez.
[Tweet « La France n’a jamais aimé la concurrence »]
En réalité, la France n’a jamais apprécié la concurrence. Déjà dans les années 50, les épiciers ont tout fait pour empêcher la croissance du magasin d’Édouard Leclerc. Menaces, intimidations, les fournisseurs sont invités à ne plus vendre chez la concurrence. Mais Leclerc répond à un problème crucial à l’époque : l’inflation. Le ministère de l’Économie décide alors de se mettre du côté du distributeur en publiant un décret qui interdit le refus de vente.

« Acheter ou enterrer ses concurrents »

On peut même remonter plus loin avec la révolte des Canuts au 19e siècle. Début de la révolution industrielle, des entrepreneurs commencent à inventer des machines à tisser. La productivité s’envole ; les coûts s’amenuisent. Mais, la concurrence est insupportable pour les ouvriers. Ils se révoltent et détruisent toutes les machines à filer au cri de : « le tarif ou la mort ». Un slogan qui sera repris tout au long du XIXe siècle.
Pourtant, la concurrence est une source de créativité éternelle. « J’ai été soumis à une rude compétition toute ma vie. Je ne saurais même pas comment vivre sans cela aujourd’hui », disait Walt Disney. Alors certes, toutes les concurrences ne sont pas loyales, mais la vie n’est pas toujours juste. Surtout dans le monde des affaires.
L’ancien dirigeant de General Electric, Jack Welch, disait d’ailleurs à ce sujet : « il y a trois règles dans le business. Numéro 1, le cash est le roi. Numéro 2, il faut communiquer. Enfin, numéro 3, il faut acheter ou enterrer ses concurrents ». Visiblement, Uber a choisi la deuxième solution.

Tancrède Blondé

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