Uberiser : simple expression ou véritable tendance de fond ?

Uberiser : simple expression ou véritable tendance de fond ?

Publié le 27 février 2015

Victime de son succès, la société est entrée dans le langage quotidien des entrepreneurs. Mais, peut-on tout uberiser ? Enquête sur une expression qui traduit une tendance de fond.

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« Tu vois un moyen d’uberiser ce marché ? », « nous, on va essayer d’uberiser la boîte dans les prochaines années ». Dans les soirées networking ou les événements dédiés aux startups, les entrepreneurs utilisent de plus en plus Uber comme un adjectif. La preuve que la société de Travis Kalanick est devenue un véritable phénomène de société. Ce qui, somme toute, n’est pas très étonnant.
Créé il y a seulement six ans, Uber est déjà présent dans 45 pays et compte réaliser, dès 2015, 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires. À comparer, les analystes s’attendent à ce que Facebook atteigne pour la première fois ce même montant – seulement – au bout de dix ans d’activité. Un peu plus et Uber ferait presque passer Facebook pour une entreprise stagnante. Le comble !

Ebay, le pionnier de l’uberisation des esprits

Mais de quoi parle-t-on exactement ? « Le mot « uberisation » signifie que l’on fait sauter tous les intermédiaires entre le producteur et le consommateur d’un service ou d’un produit », explique le directeur des stratégies de Louis Zero, Julien Nicolas. Une approche qui va toucher à terme « tous les secteurs d’activités, même si cela se fera de différentes façons », estime Julien Nicolas.
Même si tout le monde pense à Uber, Airbnb et, dans une moindre mesure, Blablacar, ou Ornikar, le phénomène commence avec Ebay à la fin des années 90. « Pour la première fois, un site internet était passé au-dessus des grandes salles d’enchères comme Drouot et compagnie », se rappelle Julien Nicolas. Il reste cependant une exception dans le paysage des entreprises innovantes.

« Il faut convaincre que le changement est bénéfique »

Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Sur internet, beaucoup d’entrepreneurs tentent leur chance : partage d’animaux domestiques (Animal-futé), de salles de réunions (Bird Office), d’espace de stockage (La boîte qui cartonne), de dépannage à domicile (DingDong). Tout le monde essaie d’être le nouveau Uber ou Airbnb. Problème, la relative nouveauté des concepts oblige les entrepreneurs à travailler de longues heures avant d’arriver à convaincre les prospects.
« Il faut convaincre que le changement est bénéfique. Je dois avouer que ce n’est pas facile, même si cela reste un très beau challenge », avoue avec le sourire Meryl Benitah, dirigeante de l’entreprise la Boîte qui Cartonne. L’entrepreneure prépare différentes campagnes de street marketing. Elle a également mis en place un partenariat avec Emmaüs Défi.

Les retours de bâtons législatifs ne sont jamais très loin

Mais, « l’uberisation » ne peut fonctionner partout. Certains marchés nécessitent un certain encadrement. « Il peut y avoir des excès sur les secteurs qui ont besoin d’une législation forte pour avoir l’assurance d’une autorité compétente », indique Julien Nicolas. L’exemple de la distribution de médicaments reste à cet égard exemplaire.
Enfin, l’uberisation pose un autre problème en terme d’emplois. Combien de postes perdus dans l’hôtellerie à cause de Airbnb ? Combien de taxis ont perdu leurs gagne-pains à cause d’Uber ? Aujourd’hui, ce type d’entreprise déstabilise davantage les anciens secteurs d’activité qu’il ne les poussent à innover. C’est en tout cas ce que pense de plus en plus la classe politique. Les retours de bâtons législatifs ne sont jamais très loin.

Tancrède Blondé

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