Un entrepreneur raconte le marathon de la levée de fonds

Un entrepreneur raconte le marathon de la levée de fonds

Publié le 30 juillet 2015

Lever des fonds pour une start-up, c’est un peu comme courir un marathon : ça ne se fait pas sans préparation, c’est long et laborieux, et on peut être tenté d’abandonner en cours de route.

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A travers cette série d’articles , nous voulons vous fournir des conseils pratiques et des astuces afin que vous mettiez toutes les chances de votre côté pour réussir votre levée de fonds. Nous tirons ces conseils de notre propre expérience, Swapcard venant de lever 500 000 euros auprès de deux investisseurs privés.

Qui veut voyager loin ménage sa monture

pourquoi lever des fonds
 
Une levée de fonds, ça ne s’improvise pas. Cet exercice nécessite une préparation sérieuse et l’application d’une méthodologie très précise. Sans cette rigueur et cette organisation, lever des fonds est quasiment voué à l’échec.
Moins de 10% des startups arrivent à lever des fonds
Une des premières causes de mort pour les start-ups est le manque de fonds propres. Toute start-up a besoin d’argent pour se développer, elles seraient donc plus de 15 000 chaque année à partir à la recherche de fonds en France. Pourtant, à la ligne d’arrivée, seules 1 000 d’entre elles parviennent à effectivement trouver des investisseurs.
De l’autre côté, les investisseurs ont tendance à être peu nombreux en France.  Selon une étude de la Coface, l’un des principaux freins au développement des start-ups en France est le manque d’investisseurs privés: les fonds de capital-risque et les business angels sont moins impliqués dans le système de financement des start-ups que dans d’autres pays.
La levée de fonds est donc une opération extrêmement sélective qui doit être prise au sérieux. Avant de vous lancer dans ce processus fastidieux, vous devez vous poser les bonnes questions:
– Pourquoi souhaitez-vous lever des fonds ?
– Auprès de qui souhaitez-vous lever ces fonds ? et
– Dans quel échéance de temps souhaitez-vous lever ?

Pourquoi souhaitez-vous lever des fonds ?

La levée de fonds n’est pas un passage obligé pour toute entreprise. Vous devez vous lancer dans cette course uniquement si vous êtes certains que des fonds supplémentaires sont nécessaires à la poursuite de votre développement ou vous permettrons d’atteindre des objectifs plus rapidement.
Avant de lever des fonds, posez-vous cette question: Préférez-vous avoir une grosse part d’un petit gâteau ou une petite part d’un gros gâteau ? La taille du gâteau, qui reflétera votre ambition, vous indiquera si vous souhaitez ou devez lever des fonds.
N’oubliez jamais que lever des fonds, c’est également accepter un certain nombre de contraintes. Il vous faut donc être certain que lever des fonds s’insère dans votre projet de développement. Pour rappel, un nombre important de société n’ont jamais levé de fonds et le bootstrapping est rempli de vertus.
Dans le cas de Swapcard, notre ambition est de travailler avant tout sur le produit, avant de nous focaliser sur la commercialisation de nos services. La levée de fonds était donc une étape nécessaire pour continuer à développer les fonctionnalités de Swapcard sans devoir dégager de revenus tout de suite. Par ailleurs, cette levée de fonds s’inscrit parfaitement dans notre cycle de financement, lequel sera constitué de levées de fonds successives pour accélérer notre déploiement.

Auprès de qui souhaitez-vous lever ces fonds ?

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Il existe différents types d’investisseurs selon le besoin de votre levée de fonds. Il est essentiel de cibler les bons investisseurs dès le début pour ne pas perdre de temps.
Les Business Angels (BA) 
Les Business Angels interviennent à un stade spécifique de votre développement qu’est l’amorçage et sont là pour vous aider à finaliser la construction du « moteur » de votre start up. Ce sont eux qui vont donc prendre le plus gros risque.
Par conséquent, ils n’investissent généralement que des petites sommes dans plusieurs sociétés, pour diminuer leur exposition, et sont gourmands quant au pourcentage de capital social cédé. La pratique de marché observée par les réseaux de business angels est de ne pas valoriser la société au delà de un million d’euros (si elle ne dégage pas de revenus – sauf forte barrière technologique à l’entrée), et ils vont demander entre 25 et 30% du capital social.
La majorité des Business Angels mettent des tickets entre 5.000 et 10.000 euros par société et ont une capacité d’investissement assez limitée. Au delà de 200.000 euros, plusieurs réseaux de business angels seront nécessaires pour boucler le financement. Par conséquent, lever des fonds auprès de business angels augmente considérablement la taille de l’actionnariat de votre société.
Cependant, il existe également des Business Angels prêts à mettre des plus gros tickets (cf le cas de Swapcard). Ces personnes se font rares et sont difficiles à trouver. Il faut donc laisser le hasard opéré, qui fait souvent bien les choses !
Enfin, les Business Angels n’ont pas de compte à rendre ou d’obligation de rentabilité rapide, même s’il est nécessaire de leur vendre une sortie et sont généralement motivés par le fait de prendre part à une aventure entrepreneuriale.
Les Venture Capitalists (VC) 
Les Venture Capitalists interviennent à un stade ultérieur, une fois que votre « moteur » est opérationnel, et sont là pour vous aider à injecter de l’essence (de l’argent) dans votre moteur.
Les montants sont plus importants et commencent autour du million d’euros. Par conséquent, si vous souhaitez lever entre 500.000 et un milion, vous allez vous retrouver à devoir pitcher à la fois à des VCs et des Business Angels ! C’est une situation délicate car les VCs et Business Angels, n’ont pas les mêmes attentes.
En effet, les VC font face à une forte pression de rentabilité de la part de leurs actionnaires et ont une obligation d’exit au bout de 5 à 7 ans, due à la durée de vie limitée de leurs fonds. Par conséquent, faire rentrer des VCs à votre capital vous oblige à vous mettre d’accord sur une perspective de vente ou d’introduction en bourse de la société dans un horizon de temps assez court.
Dans le cas de Swapcard, le besoin identifié et le stade de maturité de l’entreprise nous ont conduit à nous focaliser sur les Business Angels. Cependant, nous vous conseillons également d’approcher certains VC afin de vous faire connaître auprès d’eux pour votre future levée de fonds.

Dans quelle échéance de temps souhaitez-vous lever ?

Une levée de fonds ne doit intervenir ni trop tôt, ni trop tard dans le développement d’une start-up. Le bon moment est caractérisé par les éléments suivants :
Disposer de suffisamment de trésorerie
Une levée de fonds dure en général entre 6 et 9 mois. Il faut par conséquent être certain d’avoir une trésorerie suffisante pour tenir durant cette période. La levée de fonds s’anticipe et ne doit pas intervenir lorsque vous vous trouvez dans un besoin urgent d’argent.
Nous vous recommandons de lever des fonds entre octobre et juin car pendant cette période les investisseurs sont en recherche active d’investissements pour réduire leur taux d’imposition, avant la clôture fiscale de juin.
Trouver le bon momentum
Une levée de fonds consiste à une opération de séduction, il est donc important d’habiller la mariée. Il est important que votre entreprise montre de forts signes de traction pendant ces 6/9 mois. Vous devez lancer votre recherche de fonds lorsque vous êtes capable de témoigner de son développement à l’aide d’éléments chiffrés comme un taux de croissance élevé, une augmentation de votre base d’utilisateurs, etc.
Construire une road map d’actualités
Une fois avoir déterminé le bon momentum, vous devez vous assurer d’avoir une road map solide des actualités à venir, dans le but de vous rendre le plus visible possible par rapport aux autres startups cherchant à lever de fonds.
Chez Swapcard, la road map d’actualités était constituée de :
– La sortie de l’application Android et de nouvelles fonctionnalités récurrentes,
– Le fait d’avoir gagné la compétition CominTech qui récompensait les meilleures innovations digitales pour les organisateurs d’événements B2B,
– Un partenariat avec les Echos pour le salon des entrepreneurs de Nantes et de Paris, qui nous a donné une très forte visibilité (nous avons fini dans le top 10 des marques qui ont fait le buzz).
Ce partenariat nous a permis :
– D’obtenir des interviews de journalistes,
– De donner une conférence devant environ 300 personnes,
– D’acquérir plus de 18.000 utilisateurs,
– D’obtenir des articles de Maddyness et Presse citron à propos de nos services et
– De présenter Swapcard à Emmanuel Macron et Bruno Lemaire.
Macron et Le Maire

Conclusion

“Pourquoi ?”, “Auprès de qui ?” et “Quelle échéance?” sont donc des questions que vous devez absolument vous poser avant de vous lancer dans le marathon de la levée de fonds.
Une fois les réponses établies, vous aurez en main tous les éléments pour bien commencer votre préparation,  en particulier l’élaboration du pack investisseur. Nous aborderons ce sujet en détail dans le prochain article de notre série, où nous vous parlerons notamment du pitch, clé de voûte de toute levée de fonds réussie !
Si vous voulez plus d’informations sur le sujet, nous vous conseillons de lire :
– l’article How to raise money de Paul Graham
– l’article Pitching a VC de Mark Suster
Retrouvez cet article ainsi que tous les articles de Swapcard sur leur blog.
L’article a été publié sur le blog de Swapcard.

Baptiste Boulard

Swapcard

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