Les patrons français trop payés ? Les patrons répondent

Les patrons français trop payés ? Les patrons répondent

Publié le 12 septembre 2014

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Entre les patrons du CAC 40 et les entrepreneurs, la confusion est vite arrivée dans la tête des Français. Ce qui agace profondément les chefs d’entreprises.
 
Les grands patrons gagnent bien leur vie. Dans sa dernière étude, le cabinet Spencer Stuart a scruté le niveau de rémunération des dirigeants du CAC 40, grâce notamment aux comptes rendus des dernières assemblées générales. Avec une rémunération de 4,5 millions d’euros, Maurice Lévy reste le patron le mieux payé de France, devant Jean-Paul Agon (4 millions d’euros) de L’Oréal et du dirigeant de LVMH, Bernard Arnault (3,9 millions d’euros).
Après, il faut bien poser la question « qui tue » : est-ce trop ? Si tout le monde a sa petite idée, il est rare d’entendre les entrepreneurs à ce sujet. Aux yeux de Stefan Aimar, co-fondateur de Upblisher, « le travail, fut-il acharné, la créativité, fût-elle éclatante, cela ne saurait justifier à eux seuls un tel niveau de rémunération». Il dénonce d’ailleurs une rémunération non plus basée uniquement sur « ce qu’ils font », mais aussi sur « ce qu’ils sont ». En clair, les entreprises paient la célébrité, avant la compétence.

Exaspéré par cette confusion

Résultat, comme l’explique Isabelle Sthemer, Présidente de ClubDojo, « cela nuit gravement à l’image des petits entrepreneurs trop souvent assimilés à ces grands patrons, alors que ceux-ci peuvent aussi bien ne pas se payer pendant quelques temps dans le souci de pérenniser leur entreprise et de payer leurs salariés d’abord. On est loin de Maurice Lévy… ».
Et puis, Maurice Lévy est un cas à part. Sophie de Menthon, Présidente du mouvement patronal ETHIC, rappelle que le patron de Publicis « était à l’origine salarié » de l’entreprise. « Que son talent en ai fait le 3e groupe mondial a d’évidence incité les actionnaires et les propriétaires de l’entreprise à l’élever à ce niveau d’intéressement et de revenus ». Une situation qui reste néanmoins exceptionnelle, comparée au reste des entrepreneurs.

La conscience des petits entrepreneurs supérieurs ?

Il n’empêche, Stefan Aimar reste exaspéré par cette confusion : « Je suis excédé par l’amalgame incessant entre le salaire des patrons et celui des dirigeants du CAC 40 ». L’entrepreneur reprend les dernières études sur le sujet et rappelle qu’un dirigeant d’entreprise de moins de 20 salariés gagne en moyenne 4200 € en 2010. Une goutte d’eau en comparaison du CAC 40.
D’autant que l’écart de salaire dans les PME, ETI, Startups sont sans communes mesures avec ce qui se passe dans les grandes entreprises françaises. À croire qu’ « au-delà des considérations de rentabilité de leur entreprise, la conscience des petits entrepreneurs sur la contribution de chacun dans leur équipe à sa réussite, est nettement supérieure », avance la Présidente de ClubDojo.

« Dîtes merci aux riches, imposez-les après »

Cependant, les entrepreneurs ne veulent pas d’interventions de l’État en matière de rémunérations. « Je trouve le principe de limitation avec un ratio entre le plus petit salaire et le plus important, restrictif, arbitraire et dogmatique », dénonce Dominique Druon, CEO de Aliath. La taxe à 75 % est dans tous les esprits.
L’utilisation de l’impôt pour réduire ces écarts relève tout simplement de la « punition et fait fuir les riches », explique Sophie de Menthon. Or, pour l’entrepreneur, plus que les salaires, « c’est un état d’esprit qu’il convient de corriger. À quand la lettre de remerciement pour nous remercier d’avoir contribué, peu ou énormément à nos infrastructures ? Dites merci aux riches, imposez-les après, et redites merci ! »
 
Une pensée que n’est pas loin de partager la majorité des entrepreneurs français.

Tancrède Blondé

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