Joseph Schumpeter : le penseur qui a donné ses lettres de noblesse aux entrepreneurs

Joseph Schumpeter : le penseur qui a donné ses lettres de noblesse aux entrepreneurs

Publié le 17 septembre 2012

Premier penseur économique à se concentrer uniquement sur les entrepreneurs, Joseph Schumpeter est passé à la postérité pour avoir défini, avant tout le  monde, les qualités indispensables pour embrasser une telle voie. 

« La destruction créatrice ». Une formule, un slogan, voire un hymne pour certains chefs d’entreprise. Il faut dire, dans toute la lignée des penseurs qui ont jalonné la recherche économique, Joseph Schumpeter est probablement celui qui aura le mieux défini, expliquer, mis en valeur, le rôle clé de l’entrepreneur dans une société. Terminé, l’image du bourgeois cupide et un poil stupide, tel que le voyait Karl Marx. Dans les écrits de Schumpeter, l’entrepreneur prend désormais le rôle de l’aventurier moderne.
Voyageur que l’universitaire aura d’ailleurs été toute sa vie. Né en 1883, l’année de naissance de Keynes, il part étudier à Viennes après la mort de son père, industriel du textile. Brillant et célèbre au sein même de l’université, il s’oppose très vite à ses professeurs, adepte de l’école néoclassique autrichienne. Déjà, le comportement d’entrepreneur perce sous le costume d’apprenti-universitaire. Marié trois fois, dont il n’a jamais divorcé de la première, Schumpeter aura également expérimenté la destruction créatrice dans sa vie privée.

L’entrepreneur, un élément-clé de la société

Ce qui ne l’empêche pas d’entamer une courte carrière politique après la 1ère guerre mondiale. Par la suite, il se lance dans les affaires et dirige une banque privée, jusqu’à sa faillite en bon et du forme. Eh oui, les penseurs ne font pas les bons gestionnaires. D’autant que la situation d’après-guerre en Europe centrale n’est pas florissante. A tel point qu’il émigre aux États-Unis afin de retrouver le monde universitaire à Harvard. Il y complétera son œuvre, dont une gigantesque histoire de la pensée économique.
Imprégné de sociologie et farouchement individualiste, Joseph Schumpeter accuse ses pairs de raisonner selon une approche statique. Pour lui, l’économie respire, grandit, se rétracte. Elle vit et donc elle évolue, au fil du temps, de la population et de ses inventions. Un bouillonnement permanent entretenu par des personnages un peu spéciaux : les entrepreneurs. C’est eux qui vont révéler la Demande non encore révélée. Ainsi, les entreprises à la traîne, dans la quête éternelle de nouvelles innovations, disparaissent-elles.

Pas de malle Vuitton sans Louis Vuitton

En clair, sans l’entrepreneur, l’innovation n’a pas d’utilité. Il reste confiné dans un laboratoire, sans lumière, sans techniciens, et surtout sans la folie douce des entrepreneurs qui les produisent en masse. Pas de stylo bic sans le baron Bich, pas de malle Vuitton sans Louis Vuitton, pas d’iPod sans Steve Jobs. « Le rôle de l’entrepreneur consiste à faire un succès d’une saucisse ou d’une brosse à dents » expliquait le penseur entrepreneur.
Paradoxalement à la fin de sa vie, Joseph Schumpeter se persuade que le temps des entrepreneurs est révolu. L’avenir est aux planificateurs, se dit-il ? Fini, les entrepreneurs. Ce n’est pas ce qu’il souhaite, mais la montée en puissance du soviétisme bolchevique tendance stalinienne semble irrésistible. Il faut dire, de sa naissance en 1917 à la mort de Schumpeter en 1950, le système vole de victoires en victoires. Comme quoi, il ne faut jamais se décourager.

Tancrède Blondé

 

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