Jacques Brel, ou l'homme qui n'aimait que la démesure

Jacques Brel, ou l'homme qui n'aimait que la démesure

Publié le 6 octobre 2014

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Chanteur aux textes profonds et complexes, Jacques Brel a sûrement été l’un des meilleurs illustrateurs francophones de l’âme humaine du XXe siècle.  
« Ne me quitte pas ». 36 ans après sa mort, Jacques Brel continue de vivre dans l’imaginaire de ses admirateurs. Une performance d’autant plus extraordinaire que son univers artistique n’appartient à aucun courant musical. « Dans la chanson, Jacques Brel est l’être le plus important qu’il soit », disait Georges Brassens. Rien que ça !
Retour sur un artiste qui n’a jamais envisagé la vie autrement que par la prise de risques. Une attitude qui ne devrait pas déplaire aux entrepreneurs.

« Je hais la prudence, elle ne nous amène à rien »

Fils d’un industriel flamand francophone, le jeune Jacques Brel a longtemps hésité entre une carrière d’éleveur de poules et de chansonnier. Un choix qui l’a mis beaucoup de temps à résoudre. En tout cas, hors de question de suivre la voie familiale.
Il se lance dans la musique en autodidacte et démarre ses chansons, d’abord devant sa famille, ensuite dans les petits cabarets bruxellois. La réussite n’est pas tout de suite au rendez-vous. C’est le moins qu’on puisse dire.

« La bêtise, c’est la paresse ».

Parti tenter sa chance à Paris, Jacques Brel écoute les conseils de la première personne qui l’auditionne. Il s’inscrit au festival de Knokk-le-Zoute. Une réussite… Il finit avant-dernier et le moral dans les chaussettes.
Ce qui ne l’empêche pas de continuer à vouloir percer. « Le talent, ça n’existe pas. Le talent, c’est d’avoir envie de faire quelque chose ».

« On n’oublie rien de rien, on s’habitue c’est tout »

Aux yeux de Brel, la vie est une accumulation d’échecs auxquels il faut bien s’habituer. C’est d’ailleurs de ces erreurs que surgissent les quelques éclipses de génie que veut bien nous accorder l’existence.
Idem quand le succès arrive. Après avoir « galéré » pendant des années, Jacques Brel est emporté dans un tourbillon de concert. Après avoir sorti « Ne me quitte pas » en 1959 et « La valse à mille temps », le chanteur belge gagne le succès populaire et multiplie les concerts.
Une année, il dit même avoir réalisé plus de concerts qu’il n’existe de jours dans un mois. Oui mais, « on s’habitue, c’est tout ». L’entrepreneur en sait quelque chose.

« On ne meurt pas de se casser la figure. On ne meurt pas d’humiliation. On meurt d’un coup de couteau dans le dos »

Le ridicule ne tue pas. Alors, pourquoi s’encombrer de sentiments vains ? Pour Jacques Brel, la vie est une chose trop précieuse. Aurait-il pris sinon la peine d’écrire des chansons à la gloire des marins qui « boivent à la santé des putains d’Amsterdam, de Hambourg et d’ailleurs » ?
Une personne porteuse d’un projet iconoclaste a-t-elle une chance de mourir de honte ? Assurément, non. Alors, pourquoi hésiter ?

« La qualité d’un homme se calcule à sa démesure ; tentez, essayez, échouez même ce sera votre réussite »

Voilà, au final, à quoi pourrait être résumé la pensée de Jacques Brel, si tant est que cela soit possible : un homme, dont le désir absolu est de créer, ne doit jamais se soumettre à la pensée dominante.
Tiens, ça ressemble (un peu) à la vie d’un entrepreneur…

 Tancrède Blondé

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