Jimini’s : « On est sur un marché qui risque d’exploser dans les prochaines années » [Interview]

Jimini’s : « On est sur un marché qui risque d’exploser dans les prochaines années » [Interview]

La startup qui met des insectes dans les assiettes des français vient de boucler un 1er tour de table auprès du Comptoir de l’Innovation. Le co-fondateur, Clément Scellier revient avec nous sur cet événement. 

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Widoobiz : Qu’allez-vous faire avec cette levée de 1 million d’euros ?

Clément Scellier : Nous voulons être le leader européen sur notre marché. Avec ce tour de table, nous allons donc pouvoir recruter à l’international et disposer d’équipes sur place. Être à l’international implique également une cascade de coûts. Il y a l’impression des packaging adaptés et les nouvelles recettes qu’il faut adapter aux pays ciblés. Enfin, il y a toutes les actions commerciales à mettre en place et les dépenses logistiques.

W : Vous avez aussi un objectif R&D avec cette levée de fonds ?

CS : Oui, on va s’attaquer à la texturation de la protéine d’insectes. L’objectif, c’est de pouvoir développer des substituts à la viande ou aux plantes. C’est un projet Cifre où nous sommes partenaires avec l’INRA et Agro Paris Tech. Il devrait s’étaler sur deux ou trois ans. Ce qui nous permettrait d’atteindre de nouveaux marchés très porteurs.

« On s’attaque aux pâtes au blé dur enrichies à la farine d’insectes »

W : Ça veut dire que vous allez bientôt pouvoir proposer un repas avec des produits composés uniquement d’insectes ?

CS : Oui. Depuis le début, on voulait faire rentrer progressivement les insectes dans notre alimentation. On a commencé par l’apéritif, C’est ludique et cela nous a permis de nous faire connaître. On a lancé ensuite une gamme de barres protéinées.

Maintenant, on s’attaque aux pâtes au blé dur enrichies à la farine d’insectes. Ce qui permet d’atteindre une teneur assez élevée en protéine.

W : Et pour le dessert ?

CS : Nous avons des insectes entiers non assaisonnés. On peut tout à fait les utiliser pour un produit sucré. D’ailleurs, on a sorti une recette de pain d’épice en série limitée pour Noël. C’était très sympa et ça a très bien marché.

« On a vraiment une culture de la découverte culinaire »

W : Revenons au marché européen. Est-ce que c’est plus ou moins difficile de faire manger des insectes à l’étranger ?

CS : Déjà, il faut dire que le marché français reste clairement le plus intéressant. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, nous sommes hyper ouverts en termes d’alimentation. On a vraiment une culture de la découverte culinaire. À l’inverse, l’Angleterre est un peu plus difficile à convaincre. Mais, c’est plus une question médiatique. Ici, on a eu énormément de presse pour expliquer les bienfaits des insectes. Ce n’est pas forcément le cas de l’autre côté de la Manche. Là-bas, on est encore dans l’éducation, pas dans une phase d’évangélisation.

« Peut-être un nouveau tour de table dès 2018 »

W : L’Amérique, c’est une possibilité à moyen terme ?

CS : On a des gros concurrents aux États-Unis et au Canada. Globalement, le marché a l’air plutôt porteur. Mais, évidemment, ce n’est pas un marché que l’on peut adresser comme ça. Il faut être préparé et avoir du financement – beaucoup plus qu’un million d’euros – et avoir une petite production sur place.

W : Et donc, c’est pour quand cette prochaine levée de fonds ?

CS : C’est difficile à évaluer, mais on l’envisage. On est sur un marché qui risque d’exploser dans les prochaines années. Et puis, la réglementation a déjà évolué et risque encore de bouger. On voit des marchés en train de s’ouvrir. Les nouveaux financements seront donc nécessaires. En fait, ça peut arriver dès 2018 ou à une date beaucoup plus lointaine.

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