« D'un point de vue émotionnel, l'homme ne peut pas avoir de concurrents », Antoine Leclercq

« D'un point de vue émotionnel, l'homme ne peut pas avoir de concurrents », Antoine Leclercq

Publié le 7 juillet 2017

Pour Antoine Leclercq, l’entrepreneuriat est une vocation. En 7 ans, il a créé deux startups: Crezeo et Potion. L’entrepreneur est persuadé que « l’avenir se situe au sein des communautés globales ». Pour lui, Internet et les réseaux sociaux servent de supports à ces communautés. 

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Les relations humaines se dématérialisent. Oui, mais est-ce vraiment gênant ? Pour Antoine Leclercq, cette situation n’est que l’aboutissement d’un processus qui a commencé dès la création d’Internet. Les individus parlent beaucoup via les réseaux sociaux, s’envoient des sms, échangent sur des forums, … Mais Antoine Leclercq est catégorique, cela ne les empêche pas d’avoir des discussions en face à face.
Pour le fondateur de Potion, les interactions humaines sont devenues multi-canal: « Imaginons qu’un client ait besoin de parler avec un vendeur. Il peut directement échanger avec lui en boutique, contacter le service client par téléphone, envoyer un mail ou encore chatter avec un conseiller sur le site internet de la marque. Toutes ces alternatives enrichissent la relation entre vendeur et consommateur. Le multi-canal permet donc d’être en contact permanent avec le client », précise-t-il.

« Le danger se trouve aux extrêmes : rester chez soi, devenir asocial en se réfugiant dans un monde virtuel »

Néanmoins, Antoine Leclercq met en avant un danger. Les utilisateurs des réseaux sociaux peuvent rapidement devenir addicts et mettre sur le même piédestal la relation directe, et l’interaction virtuelle proposée par les réseaux sociaux : « Le danger se trouve aux extrêmes : rester chez soi, devenir asocial en se réfugiant dans un monde virtuel. Mais heureusement, ce phénomène ne touche qu’une minorité de personnes », décrit-il. Pourtant, les innovations mettant à l’honneur le virtuel ne manquent pas : la réalité virtuelle, augmentée ou encore l’intelligence artificielle.
En ce qui concerne ces innovations, Antoine Leclercq est encore plus optimiste. Pour lui, les expériences immersives même si elles ne se sont pas encore démocratisées pourront réduire les inégalités. Il pense notamment à la fracture intergénérationnelle accentuée par le développement des nouvelles technologies : « Comme son nom l’indique, la réalité virtuelle est réelle ! Donc les personnes n’auront pas besoin de maîtriser des outils (smartphones, tablettes,) ou des langages particuliers pour profiter de ces innovations ».  D’ailleurs, Antoine Leclercq place beaucoup d’espoir dans cette innovation: « on pourra bientôt faire ses achats virtuellement », explique-t-il.

« Si l’on reste pragmatique, il est vrai qu’un bot est plus efficace qu’un humain »

Mais, reste-t-il un peu d’humanité dans un monde où l’on croit tant en l’avenir de la technologie ? Si au XVIème siècle, les humanistes misaient tout sur l’homme, aujourd’hui cette dynamique est en perte de vitesse. Toutefois, Antoine Leclercq nuance ce propos. Quand on lui demande si l’avènement des robots sociaux dans nos sociétés concurrence l’homme, il répond : « Si l’on reste pragmatique, il est vrai qu’un bot est plus efficace qu’un humain. Si je pose une question, je préfère qu’on me réponde en un millième de seconde, plutôt qu’en 3 minutes. Mais, il est clair que d’un point de vue émotionnel, l’homme ne peut pas avoir de concurrents », déclare-t-il.
Et Antoine Leclercq compte revivifier cette émotion en rassemblant les personnes qui ont les mêmes passions au sein d’une même communauté. Potion invite à reprendre le contrôle sur son groupe pour « faire barrage à l’hégémonie de Facebook ». Il présente cet outil comme un moyen de créer l’intérêt. Pour lui, créer une plateforme où les communautés peuvent échanger était naturel : « La communauté est placée au fondement même de notre être. Je ne fais que transposer cette réalité sur Internet. L’humain est communautaire. Par exemple, quand je voyage aux Etats-Unis, je loge dans des hackers houses. Lorsque j’arrive dans cet environnement, je me sens tout de suite à l’aise car je suis entouré de personnes qui me ressemblent », explique-t-il. Il compte proposer son réseau social aux entreprises afin qu’elles puissent fédérer leurs clients et communiquer plus facilement avec eux.

Khadija Adda-Rezig

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