Compétitivité : rien ne va plus, les jeux sont biaisés

Compétitivité : rien ne va plus, les jeux sont biaisés

Publié le 4 mai 2012

Incontestablement, le mot de la semaine est « compétitivité ». Même si de nombreux facteurs expliquant la mauvaise compétitivité de la France restent endogènes (code du travail lourd, fiscalité idéologique, non culture d’entreprendre), intéressons-nous aux freins exogènes sur un marché mondial pour lequel les règles du jeu sont si différentes.
Depuis sa création, le rôle de la Commission Européenne a été d’harmoniser les 12, 15,… 27 pays de l’Union. Aussi, s’est constitué un long catalogue de normes sur tout ce que se fabrique, se vend et comment. Malheureusement, à l’instar, du collège unique dans l’éducation nationale, il a très souvent été choisi d’imposer à toute l’Union la norme du pays le plus rigide. Pour aller plus loin, entre temps, la France, qui s’est doté d’un comité consultatif national d‘éthique (ralentissement de la recherche bioéthique), a réglementé de nombreux actes médicaux (tourisme de santé en Tunisie, Belgique, … ) et inscrit le principe de précaution dans sa Constitution (arrêt de la recherche sur les OGM au profit de l’américain MONSANTO).
Ainsi, bien au delà, de la question du coût du travail (qui reste pourtant un sujet à régler), toutes ces normes ne permettent pas de faire jeu égal. Par exemple, au jour où nous nous demandons comment diminuer notre consommation de pétrole pour espérer que son prix à la pompe baisse, nous ne voulons pas voir que la Chine et l’Inde consomment 90% de la production de brut sans payer la moindre taxe carbone. La consommation européenne est trop faible pour que ses choix influent sur le prix du brut.
Aussi, pour que l’Europe puisse faire jeu égal avec les autres pays, il est nécessaire de mettre en place la taxe réciprocité proposée par le candidat Nicolas Sarkozy. Celle-ci a pour but d’accroître le prix des produits importés jusqu’à ce qu’il aurait été si il avait été conçu, manufacturé et transporté dans les normes édictées par l’Europe (sans prise en compte du coût du travail). Non seulement, le jeu serait plus équitable mais, en plus, cette taxe permettrait de financer la mise en place de ses normes qui, dans le fond, sont souhaitables.
D’autres règles sont divergentes. J’en citerai deux :
– L’Europe ouvre ses marchés publics à l’Asie et aux Etats-Unis mais l’inverse est faux (sauf pour l’eau au Japon). Les américains ont surtout des entreprises ayant pour clients des entreprises et des particuliers, aussi Coca peut s’installer facilement en Chine. Mais la France a pour tradition de savoir bien vendre aux États (EADS, Bouygues, Veolia, Areva, … ). Si les  marchés publics sont fermés, cette valeur ajoutée française n’est pas exploitable ;
– Un américain paie au moins autant d’impôts qu’il habite aux Etats-Unis ou à l’étranger. Si il habite à l’étranger, il paie des impôts dans le pays d’accueil et, si la fiscalité y est plus avantageuse qu’aux Etats-Unis, il paie la différence de ce qu’il aurait payé là-bas au fisc américain. Instaurer cela en France réduirait l’exil fiscal et rapatrierait des capitaux en France.
 
Enfin, concernant le coût du travail, je souhaite de tout cœur que les ouvriers chinois se dotent de centrales syndicales aussi performantes qu’en France pour que s’instaure aussi chez eux un SMIC « anti-compétitivité »…

Julien Rittener

Dirigeant de Five Conseil

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