Quand la boxe est dans la boîte

Quand la boxe est dans la boîte

Enoch Effah transformerait-il tout ce qu’il touche en or ? En tout cas, le triple champion du monde de boxe française s’est lancé un nouveau défi, entrepreneurial cette fois. Avec sa société Nokefa, il mise à présent sur l’optimisation du management par le sport.

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Quand le futur champion du monde de boxe française voit le jour dans les années 80 à Melun, rien ne le prédestinait à devenir entrepreneur. Rien ou presque, car Enoch Effah naît le jour de la Fête du Travail. Il aura toutefois fallu attendre plus de trente ans pour que le sportif de haut niveau endosse la casquette de chef d’entreprise.

De sa première vie professionnelle, on lui connaît une combativité et un palmarès à faire pâlir d’envie tous les pratiquants de boxe française. Trois fois champion du monde et sept fois meilleur Français de sa discipline dans la catégorie poids lourd, il détient toujours le record de 46 victoires, dont 39 par K.O., en 49 combats. Avant de monter sur les plus hautes marches du podium, il a connu quelques défaites cuisantes, un quotidien fait d’abnégation et d’entraînements intensifs à l’INSEP* et entrepris un voyage au Ghana pour s’entourer des frères Zankifo. Ces derniers feront de lui le tenant du titre mondial en 2005, 2007 et 2008.

Bouger son corps pour booster son esprit d’entreprise

Gestion du stress, motivation, esprit sportif, abnégation, respect… Autant de valeurs qu’a dû déployer Enoch tout au long de sa carrière sportive. Faisant écho au monde des affaires, elles le conduisent dès 2006 vers sa seconde vie professionnelle. Il y a douze ans, le boxeur développe une méthode unique baptisée Nokefa.  Elle regroupe des exercices issus de sa pratique sportive et adaptés à tous publics. L’idée ? Transposer les acquis du ring dans leur vie pro et perso et viser, grâce à un ensemble d’activités physiques, le bien-être du corps tout en stimulant l’esprit d’entreprise.

Une décennie plus tard, le concept se matérialise avec l’ouverture de centres de remise en forme qui proposent des activités  ludiques découlant de la boxe : à Chatou dans les Yvelines dès 2015, puis dans une ancienne chapelle à Rennes depuis septembre 2018. Des ouvertures rendues possibles par un partenariat noué avec L’Orange Bleue, une enseigne hexagonale de fitness.

Vivre l’échec et le risque comme des opportunités

À partir de 2012, le concept Nokefa devient une SARL qui conduit son fondateur à enseigner ses acquis sportifs à des sociétés désireuses de valoriser le potentiel humain de leurs équipes via des séminaires et des formations . Car le champion en est convaincu, « le sport permet de gérer son stress et de prendre de bonnes décisions ». Par ailleurs, le cadre très codifié de la boxe française implique le strict respect d’une méthodologie déclinable à l’envi dans le monde de l’entreprise. Tactique, éthique, concentration, etc., il n’y a que du positif à tirer des enseignements sportifs.

Une maxime qu’applique Enoch Effah, même dans l’adversité : « j’ai fait 20 banques, 18 m’ont dit non lorsque je cherchais des financements. » À chaque fois, ce n’est pas l’abattement qui l’emporte, mais bien le questionnement : l’athlète se demande comment améliorer son dossier et ses chances, ce qui finit toujours par porter ses fruits. Obstiné, il voit l’échec non pas en tant que tel, mais comme une épreuve, voire une véritable opportunité.

« En mandarin, le mot ‘risque’ veut dire ‘opportunité »

Il s’agit de ne jamais subir les situations, de chercher à trouver des solutions plutôt qu’à résoudre des problèmes et de « cultiver la notion de responsabilité. Un mot qui se prononce d’ailleurs de la même manière que ‘response ability’ en anglais (‘capacité de répondre’ en français), c’est-à-dire l’aptitude à répondre aux choses de la façon la plus appropriée », souligne le champion. Tout aussi étonnant, « en mandarin, le mot ‘risque’ veut dire ‘opportunité’ », ajoute l’entrepreneur.

Pour faire les bons choix, l’impératif à ses yeux est de s’entraîner. « La phase de préparation est vitale pour ne pas subir et surtout apprendre à transformer les épreuves en énergie positive. » Selon Enoch Effah, l’autre nécessité consiste à « faire des exercices de respiration, car l’oxygène est notre carburant, notamment celui de notre cerveau. Il permet de réguler nos émotions, d’être en phase avec soi-même et d’éveiller le champion qui sommeille en chacun de nous. »

* Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance, où se côtoient des athlètes de haut niveau tout sport confondu

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