Leurs œufs sauvent les poules de l’abattoir

Leurs œufs sauvent les poules de l’abattoir

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Poulehouse fait sa révolution dans la basse-cour ! La startup vend des œufs en faisant une croix sur l’abattage systématique des poules à leurs 18 mois. Avec sa production éthique, elle vient de lever 1 million d’euros auprès des fondateurs de Meetic et Veepee (Vente-privée).

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Quand l’idée a germé dans un coin de la tête de Fabien Sauleman à l’été 2016, il pensait que l’œuf éthique existait déjà. « J’ai eu une prise de conscience tardive. Devenu végétarien il y a quelques années, je n’avais pas de problème de fond à manger des œufs. Mais j’avais quand même un souci : la façon dont ils sont faits, puisque leur production implique l’abattage systématique des poules à 18 mois. Je l’ai découvert un peu par hasard, grâce à une amie qui en avait sauvées et via des associations. »

Un concept qui séduit sur-le-champ

Scandalisé par cette pratique où seul le profit compte, Fabien transforme officiellement son projet en entreprise en février 2017. Il est alors épaulé par deux autres associés : Sébastien Neusch, growth hacker qui s’était lui-même déjà posé des questions sur ce marché, et Élodie Pellegrain dont le parcours était intimement lié au monde agricole. Ensemble, ils préparent le lancement officiel de Poulehouse pour septembre 2017.

Le succès est immédiat. Ils bouclent un premier crowdfunding sur la plateforme KissKissBankBank. Et au moment où les écoliers reprennent le chemin de l’école, Poulehouse se lance sur toute la France avec Biocoop. Diffusée dans l’ensemble du réseau de ce premier partenaire, la startup ne tarde pas à séduire d’autres distributeurs. Naturalia choisit ces œufs qui ne tuent pas la poule. Avec Franprix et Carrefour, même des enseignes généralistes sautent le pas. Pas si étonnant selon Fabien Sauleman pour qui « le sujet du bien-être animal dépasse le bio ».

Tout s’enchaîne très vite. À tel point qu’en 2018, Poulehouse vend un million d’œufs dans plus de 700 points de vente. Avec son initiative, la société signe une première mondiale qui séduit au-delà de nos frontières. Déjà disponible dans certaines chaines belges, elle compte aller rapidement du côté de la Suisse. Mais pas question de simplement exporter des œufs français loin de leurs poules pondeuses. Poulehouse souhaite dupliquer le concept à l’échelle régionale voire locale pour limiter le transport et être ainsi le plus ‘green’ possible.

La diversification, son autre cheval de bataille

Autre levier de croissance, l’entreprise mise sur la diversification de son offre et lance d’ailleurs actuellement sur KissKissBankBank son premier gâteau à base d’œufs éthiques.

Ses fondateurs comptent aussi sur le BtoB. Ils tablent d’ailleurs sur une part de 20 à 30 % du chiffre d’affaires sur ce segment dans les 2 à 3 ans qui viennent. « Il y a une raison technique à cela : en vieillissant, les poules pondent des œufs aux coquilles un peu plus fines et fragiles, et surtout plus volumineux », développe Fabien Sauleman. Poulehouse en est persuadée. Ce ratio de taille pourrait être un atout pour les professionnels de la restauration.

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De gauche à droite : Fabien Sauleman, Élodie Pellegrain et Sébastien Neusch, les trois co-fondateurs de Poulehouse. Un label d’oeufs éthiques qui sauve les poules pondeuses de l’abattoir

Ils lèvent 1 million d’euros

Cette croissance exponentielle amène aujourd’hui la startup à solliciter de nouvelles ressources de financements externes. S’il n’est pas simple de trouver des investisseurs impliqués dans la cause animale, la tâche ne s’est pas avérée impossible. En effet, Poulehouse, qui était jusqu’à présent financée par du love money, quelques Business Angels, une banque fidèle depuis le début de l’aventure et Bpifrance depuis peu, vient de lever 1 million d’euros.

Jaina Capital et Orefi lui ont emboîté le pas. Derrière ses deux fonds, se cachent des entrepreneurs incontournables de l’écosystème français, Marc Simoncini de Meetic et Jacques-Antoine Granjon, fondateur de Vente-privée, nouvellement rebaptisée Veepee. Ce dernier ne tarit pas d’éloge pour parler de Poulehouse. Selon lui, elle « va faire bouger les lignes sur la filière de l’œuf. » Surtout quand on sait que ce marché dépasse le milliard d’euros en France et que la traçabilité lui fait encore cruellement défaut.

Bientôt 100 000 poules saines et sauves

Les résultats sont déjà là. Poulehouse compte actuellement quatre fermes dont la sienne, « un lieu pilote basé dans le Limousin, à la fois laboratoire de R&D et lieu de formation pour les éleveurs qui veulent basculer vers notre concept », précise Fabien Sauleman.

Des recrutements sont actuellement en cours et devraient faire passer l’équipe qui compte aujourd’hui une douzaine de personnes, à une vingtaine de membres dans les mois qui viennent. L’entreprise, qui a déjà sauvé 12 000 poules, va aussi s’associer à de nouvelles exploitations. De quoi devenir l’ange gardien de 100 000 bêtes d’ici à la fin de l’année 2019.

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