Grégoire Leclerc, président de la Fédération nationale des auto-entrepreneurs, revient sur le plan d’aide destiné aux auto-entrepreneurs annoncé par le gouvernement. Il plaide pour un dispositif plus durable et une proportionnalité de l’indemnisation des indépendants. Interview
Face à l’impact de l’épidémie du Covid-19, quelle est la situation des auto-entrepreneurs ?
On a mené une large enquête sur un échantillon de 3690 personnes (Les autoentrepreneurs face au Coronavirus réalisé par la Fédération Nationale des Autoentrepreneurs entre le 13 et le 15 mars 2020) et nous sommes arrivés à la conclusion que plus de 80% des auto-entrepreneurs enregistrent une perte quasi-totale de leur chiffre d’affaires ( 80% à 100% de leur commande).
Ils sont extrêmement inquiets pour l’avenir, et pas seulement l’avenir proche. Estiment qu’ils ne percevront aucun revenu dans le courant des 6 prochaines semaines. Ils attendent par conséquent deux mesures de la part du gouvernement. La première viserait à leur verser de vraies indemnités journalières quand ils sont malades. En effet, leur montant est dérisoire (12 euros). Ils demandent également un fond de solidarité pour leur permettre de subsister le temps que le confinement s’arrête.
Avez-vous été entendu ? Quelles sont les solutions proposées par le gouvernement ?
Nous avons été entendus sur deux choses. Un fond de solidarité d’1 milliard d’euros a été acté. Il sera voté aujourd’hui au parlement. Les démarches pour en bénéficier seront également assouplies et un maximum d’auto-entrepreneurs pourront bientôt percevoir leurs indemnisations. Mais nous ne sommes pas satisfaits des conditions du dispositif proposé. Nous estimons qu’un chèque de 1500 e n’est pas forcément adapté à toutes les situations. Cela est certes plus long à mettre en place, mais nous plaidons pour une indemnisation proportionnelle au chiffre d’affaires passé. Sans dépasser l’aide forfaitaire pour autant. Mais Il serait plus justifié pour un auto-entrepreneur ayant perçu un gros chiffre d’affaires l’année précédente de percevoir la totalité de la somme promise que pour un autre s’étant inscrit en décembre dernier et ayant gagné seulement 300 e par mois. D’une certaine manière, il serait plus pertinent qu’il soit moins rémunéré.
Nous plaidons également pour un dispositif plus durable. En effet, une fois que les gens auront obtenu leur chèque, le fond sera épuisé. Si le confinement dure plus d’un mois, je suis conscient qu’il va falloir retourner au front.
Vous avez réclamé des indemnités autour de 50 euros par jour en cas d’arrêt de travail. Qu’en est-il de votre demande ?
Il est important de rappeler que le gouvernement a déjà mis en place trois mesures significatives pour aider les petites entreprises. Parmi elles, le report des échéances fiscales ou encore des prélèvements sociaux. Mais tout entrepreneur qui se retrouve contaminé, mis en quarantaine ou en situation de garde d’enfants ne percevra que 12 e en moyenne par jour. En temps normal, ce calcul est juste puisque la somme perçue est indexée à l’aune des cotisations des uns et des autres. Mais dans la situation actuelle, à cause de cette faible indemnisation, beaucoup d’auto-entrepreneurs pourraient être tenté d’assurer leurs prestations malgré la maladie. Nous travaillons à corriger la situation. Cela devrait évoluer dans les semaines à venir.
Je rappelle pour l’instant que chaque auto-entrepreneur malade peut tout de même bénéficier du fond de solidarité en plus de ses indemnités.