Chloroquine, Raoult, masque FFP2… les mots d’une crise

Chloroquine, Raoult, masque FFP2… les mots d’une crise

Soyons honnêtes, qui parmi nous avait déjà entendu le doux nom de chloroquine au moment de déballer ses cadeaux sous le sapin. Qui connaissait le professeur Raoult ? Qui savait qu’il existait des stocks de masques FFP2 dans les placards des entreprises ? Noël 2019. C’était il y a 3 mois, et ça semble déjà très loin.  Un noël de réforme des retraites, chacun s’interrogeant, déjà, sur la possibilité de prendre les transports en commun pour rejoindre ses proches. La grammaire de l’époque ? Régime spécial, répartition ou capitalisation, valeur du point…

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Chaque crise a ses mots, son vocabulaire, ses personnages principaux et ses seconds rôles qui, en l’espace de quelques jours à peine, nous plongent dans une nouvelle réalité. Nous avons, malheureusement, traversé de nombreuses crises ces dernières années. Et à chaque fois, ce même emballement autour de noms, propres ou communs, qui défilent en boucle sur nos écrans. C’est une sorte de drogue, avec ses pics et ses effets de manque. Il faut remplir l’espace, combler le vide.

Les crises nous dépassent, c’est comme ça. Nous n’y sommes jamais vraiment préparés. Ces mots ont l’avantage d’être simples, de poser des questions binaires. On est pour la chloroquine ou contre, on est avec le professeur Raoult ou contre. C’est une touche de simplicité, une sorte de bol d’air. « Vers l’orient compliqué, j’allais avec des idées simples » …

Alors voilà, en 15 jours, sans forcer, nous sommes tous devenus experts, nous avons tous une opinion, quasi scientifique. C’est n’est pas juste un avis en l’air, non, c’est une certitude. Pas besoin de faire 10 ans de médecine. Il suffit d’assister, passivement, à un nombre incalculable de débats et de sujets pour savoir, sans douter. Nous savons donc ce qu’il aurait convenu de faire, ce qui est urgent ou non, et les actions à mener demain. Comme toujours.

La réalité, c’est que nous avons peur du vide, une forme de vertige sociétal. Les chaînes d’information en continu, que chacun se plaît à décrier tout en les laissant tourner en boucle sur l’écran du salon, ces chaînes d’information, nous rassurent. Elles nous apportent, en faisant rigoureusement leur travail, cette simplicité qui nous fait tant défaut.

A défaut de comprendre, il nous faut du binaire, des coupables et des héros.

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