Pâques ou pas Pâques

Pâques ou pas Pâques

Publié le 13 avril 2020

Que l’on soit croyant ou non, il y a des dates qui font le calendrier. Pâques en fait partie et charrie avec elle son lot de marronniers, le repas de famille qui commence bien et fini mal, l’agneaux, le lundi férié… Cette année, malgré les différentes initiatives, on pense notamment à la messe célébrée en la cathédrale Notre-Dame de Paris, on sent bien que le compte n’y est pas, qu’il manque quelque chose.

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Et, encore une fois, tout est une histoire de calendrier. Le confinement annihile la temporalité. Jour de semaine ou week-end, vacances ou travail… tout cela se fond désormais dans une forme de nébuleuse du temps. On est lundi, mais au fond nous pourrions très bien être jeudi, les repères se perdent à mesure que le temps s’étire.

Au-delà de la symbolique que chacun veut bien y prêter, ces fameuses dates du calendrier sont des points de repères. Pensez mai, vous penserez ponts. Et avec ces repères, c’est donc un imaginaire qui se met en place, des souvenirs, des habitudes, bonnes ou mauvaises. Juin par exemple, ce sont les longues soirées au soleil, en terrasse de café qui se terminent dans un état de fraîcheur à géométrie variable.

Il y a comme une suspension dans l’air, comme une attente. Beckett écrivait, au siècle dernier déjà, son célèbre En attendant Godot. Nous y sommes d’une certaine façon. On se permet donc, en conclusion de ce court papier,  cette longue citation.

ESTRAGON : Je ne peux plus continuer comme ça.

VLADIMIR : On dit ça.

ESTRAGON : Si on se quittait ? Ça irait peut-être mieux.

VLADIMIR : On se pendra demain. (Un temps.) A moins que Godot ne vienne.

ESTRAGON : Et s’il vient ?

VLADIMIR : Nous serons sauvés.

Vladimir enlève son chapeau – celui de Lucky – regarde dedans, y passe la main, le secoue, le remet.

ESTRAGON : Alors, on y va ?

VLADIMIR : Relève ton pantalon.

ESTRAGON : Comment ?

VLADIMIR : Relève ton pantalon.

ESTRAGON : Que j’enlève mon pantalon ?

VLADIMIR : RE-lève ton pantalon.

ESTRAGON : C’est vrai.

Il relève son pantalon. Silence.

VLADIMIR : Alors, on y va ?

ESTRAGON : Allons-y.

Ils ne bougent pas.

 

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