Le marché de la seconde main, prémice d’une nouvelle société de consommation

Le marché de la seconde main, prémice d’une nouvelle société de consommation

Le marché de la seconde main va connaître une croissance annuelle de 15 à 20 % sur les 5 prochaines années selon une étude du Boston Consulting Group. Un essor qui dessine un nouveau paradigme des modes de consommation. Pour nous en parler, Morgan Hilmi, CEO de Beebs, une application mobile d’achat et de revente d’articles d’occasion pour enfant, qui a multiplié son activité par 3 ces derniers mois.

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Comment expliquer l’engouement pour le marché de l’occasion en France ?

Morgan Hilmi : Ces dernières années, l’essor de l’occasion est indéniable ; c’est une tendance mondiale, et qui va se confirmer dans le futur puisqu’on attend une croissance annuelle de 15 à 20% du marché global de la seconde main sur les 5 années à venir. Cette dynamique est particulièrement vraie en France, puisqu’en 2020, plus de 30% des Français auront acheté de la seconde main.

Pour une majorité d’acheteurs (70%), c’est la volonté de dépenser moins et d’économiser qui prime. On constate aussi une prise de conscience globale, sur la nécessité de faire évoluer nos modes de consommation, et de réduire notre empreinte carbone. Tout ceci coïncide avec l’arrivée de nouveaux acteurs spécialisés qui facilitent l’achat et la revente de seconde main : Vinted sur la mode, mais aussi Back Market sur les équipements électroniques, Selency sur la décoration… et Beebs sur la puériculture et la petite enfance, évidemment !

Quel impact a eu la crise sur le marché de la seconde main ?

M.H : L’impact a été indéniablement positif, pour plusieurs raisons. Premièrement, le confinement du printemps dernier a coïncidé avec une hausse importante du nombre de mise en vente d’articles sur toutes les plateformes. Etre chez soi, c’est l’occasion parfaite de faire le tri !

Ensuite, en l’absence des magasins et chaînes de prêt-à-porter classiques qui ont malheureusement dû être fermés, les consommateurs se sont reportés sur les plateformes de seconde main, qui leur proposent un excellent rapport qualité-prix et une offre pléthorique.

Enfin, cette crise est également l’occasion, pour beaucoup d’entre nous, de se poser la question du monde d’après, et de l’avenir qu’on souhaite donner aux générations futures. C’est d’ailleurs tout le fondement de notre réflexion chez Beebs : comment veiller à offrir le meilleur des mondes à nos enfants, et y œuvrer dès leur plus jeune âge ?

Quel impact a eu la crise sur l’activité de Beebs ?

M.H : Notre démarche s’inscrit avant tout dans une tendance de fond : outre la forte dynamique globale sur la seconde main, 91% des parents en France considèrent que les articles pour bébé sont trop chers, et 83% qu’ils ne sont pas éco-responsables. Crise ou pas, ces points restent valides.

Ceci étant dit, nous constatons un impact très positif du contexte actuel. Premièrement, parce que nous avons nous aussi bénéficié de la hausse du nombre d’articles mis en vente, qui a été multiplié par 3 depuis le début du confinement de novembre. Et deuxièmement, parce que nous nous attendons à une hausse significative de la natalité début 2021, soit 9 mois après le premier confinement, lors duquel une hausse de +70% a été constatée sur les ventes de tests de grossesse, et +30% sur les téléchargements d’applis de suivi de grossesse. Autant d’heureux événements à venir pour lesquels nous serons présents, pour aider les parents à offrir le meilleur à leur bébé, à prix réduit et de façon plus responsable.

« Il n’y a aujourd’hui plus de sentiment de « honte » chez les consommateurs : au contraire, c’est même une forme de revendication voire de fierté qui émerge chez les jeunes adeptes de l’occasion ! »

En sommes-nous aux prémices d’une nouvelle société de consommation ?

M.H : Sans aucun doute. Déjà parce que les nouveaux modes de consommation sont définis par les jeunes générations : les Millennials et la Génération Z représentent une immense majorité des consommateurs de seconde main. Mais aussi parce qu’il n’y a aujourd’hui plus de sentiment de « honte » chez les consommateurs : au contraire, c’est même une forme de revendication voire de fierté qui émerge chez les jeunes adeptes de l’occasion ! Et c’est particulièrement vrai chez les parents, qui après avoir été poussés pendant des années à surconsommer par les marques de puériculture, sont aujourd’hui 80% en France à avoir recours à l’occasion pour leurs enfants en bas âge.

Comment les marques traditionnelles peuvent-elles s’adapter à ce nouveau mode de consommation ?

M.H : Tout simplement en écoutant les préoccupations de leurs consommateurs, et en se renouvelant en conséquence. Premièrement, cela signifie revoir leurs cycles et leurs chaînes de production, pour privilégier la qualité, et donc la durabilité et le potentiel de réemploi des articles. Un article de qualité, c’est un article qui se revend bien, donc tout le monde s’y retrouve.

En parallèle, les marques ont une opportunité de contribuer activement à la circularité de leurs produits, en identifiant les bons mécanismes pour inciter leurs clients à revendre aussi souvent que possible. Cela peut même devenir pour elles un moyen d’éviter les retours client – qui en plus d’être un gouffre financier, ont un impact écologique souvent déplorable. Encore une fois, une situation où tout le monde est gagnant !

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