Burn-out, anxiété, dépression… Selon l’enquête publiée par Le Women’s Forum auprès des ressortissants des pays du G7, les femmes seraient plus marquées par la crise de la covid-19 et ses conséquences. Des conséquences de l’omniprésence du stéréotype de genre dans la société.
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« N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devez rester vigilantes votre vie durant ». La déclaration de Simone de Beauvoir résonne désormais comme une prophétie dans la situation actuelle, c’est du moins ce que révèle l’enquête réalisée par Ipsos le Women’s Forum auprès des ressortissants des pays du G7. D’après les résultats, la pandémie risquerait d’aggraver fortement les inégalités femmes hommes.
Les femmes touchées plus violemment par la crise de la Covid-19, que les hommes
D’après l’étude menée par le Women’s Forum, la crise de la covid-19 et ses conséquences frappent les femmes de manière particulièrement violente, comparées aux hommes. Même si 64% des personnes au sein du G7 pensent que l’impact économique et social sera le même pour les hommes et les femmes. Pourtant, les écarts d’impacts entre hommes et femmes sont conséquents lorsqu’on les interroge sur ce qu’est leur vie depuis le début de la pandémie.
Ainsi 73% des femmes disent avoir peur de l’avenir contre 63% pour les hommes. 59% des femmes interrogées disent même avoir connu une situation de burn-out, d’anxiété ou de dépression contre 46% pour les hommes. L’enquête révèle également qu’elles sont moins soucieuses de leur santé, 49% disent ne pas prendre assez de temps pour s’assurer d’être en bonne santé contre 43% des hommes. Peut-être parce que ces dernières en font plus que les autres pour aider les personnes fragiles qui les entourent. Elles sont 46 % dans cette situation contre 40% des hommes. 43% des femmes interrogées disent perdre confiance en elles depuis le début de la pandémie contre 33% pour les hommes.
« Des différences de vécus entre les hommes et les femmes – et qui ne doivent pas occulter les situations difficiles vécues également par de nombreux hommes – se cumulent. Ces impacts plus violemment ressentis, s’ajoutent les uns aux autres pour générer au global des inégalités forcément importantes entre les hommes et les femmes. Surtout, elles risquent de venir encore se renforcer avec la deuxième vague de l’épidémie qui touche actuellement la grande majorité des pays du G7. » Analysent les auteurs de l’étude.
Les stéréotypes de genre restent très répandus
Il semble également que les stéréotypes sur les femmes sont encore très répandus au sein du G7. L’enquête révèle que l’idée de différences d’aptitudes « naturelles » prédomine encore dans l’inconscient collectif, à un niveau « extrêmement préoccupant » soulignent les auteurs. En effet, 38% des personnes interrogées pensent que « le cerveau des hommes et celui des femmes sont différents, ce qui explique que les hommes ont plutôt plus d’aptitudes pour les sciences et les femmes pour la littérature » et 33% des sondés ont déclaré « qu’en matière de carrière, les hommes sont naturellement plus ambitieux que les femmes ».
Les croyances dans les rôles sociaux traditionnels des femmes sont également toujours extrêmement fortes. 70% des personnes interrogées considèrent « qu’il est plus difficile pour une femme que pour un homme d’avoir une belle carrière car elle doit accepter de sacrifier en partie sa vie de famille », 53% continuent de considérer que « vous ne pouvez pas tout avoir, si vous voulez être une bonne mère, vous devez accepter de sacrifier en partie votre carrière professionnelle ». Plus inquiétant encore, 48% des sondés pensent « que les inégalités entre les sexes sont exagérées »
La force des stéréotypes est d’autant plus frappante qu’on les retrouve à des niveaux élevés dans tous les pays, partagés aussi bien par les hommes que par les femmes, par les jeunes que par les seniors.
Des inégalités vouées à se reproduire
Les auteurs de l’étude expliquent que si les mentalités évoluent insuffisamment, c’est parce que les inégalités se reproduisent génération après génération, dès l’enfance, avec un impact direct sur la perception de soi et les « choix » d’études. Ainsi 29% des personnes interrogées se sont déjà entendues dire que les carrières scientifiques étaient pour les hommes.
Un mécanisme qui se poursuit durant la vie professionnelle, avec des différences de vécu avec les hommes qui sont encore plus marquées. Ainsi 46% des femmes interviewées déclarent ne pas avoir cherché à avoir de nouvelles responsabilités professionnelles de peur de ne pas avoir assez de temps pour tout faire contre 32% pour les hommes et 43% estiment qu’elles n’ont pas la capacité d’assumer un poste à responsabilité contre 35% pour les hommes.
Des écarts considérables entre hommes et femmes sont une conséquence directe des inégalités économiques et de la pression liée à la conciliation des différents rôles attribués aux femmes. « Si la pandémie et ses conséquences contraignent ou incitent les femmes à un repli sur la sphère privée, le risque est extrêmement fort de voir ces inégalités progresser de manière significative » alertent les auteurs.
En particulier dans le domaine du travail…
Dans le domaine du travail en particulier, les ressortissants des pays du G7 sont conscients que les inégalités femmes hommes sont toujours bien présentes. « Une prise de conscience également très forte chez les hommes » soulignent les auteurs. Ainsi 69% des personnes interrogées sont ainsi convaincues que les femmes n’ont pas accès aux mêmes niveaux de salaire que les hommes pour des niveaux d’expérience et de compétences équivalents (77% des femmes et 61% des hommes).
67% des sondés jugent également qu’elles ont moins accès aux conseils d’administration et aux postes de direction des grandes entreprises (73% des femmes et 61% des hommes). Des inégalités d’accès aussi bien identifiées dans le domaine de l’Intelligence Artificielle et des STEM (science, technologie, ingénierie et mathématiques), 65% des femmes considèrent qu’elles ont moins accès à des postes de leadership dans le domaine des technologies de l’information et de l’intelligence artificielle. Un constat également partagé par 51% des hommes.
Pour les auteurs de l’étude « lorsque l’accès des filles aux filières les plus rémunératrices ou les plus porteuses en matière d’emploi n’est pas encouragé, il est difficile de ne pas voir se reproduire les inégalités économiques de genre ». Ils estiment qu’une mécanique « insidieuse » et « implacable » se met en place « donner aux femmes le sentiment que leur situation est le fruit de leurs propres choix. »