C’est une somme, littéralement. Avec L’Empire des Habsbourg (publié chez Perrin) Pieter M. Judson nous livre un de ces textes amenés à faire référence. Pour peu que l’on s’intéresse à l’histoire politique, sociale et nationale de l’Europe centrale, cet essai fait désormais office de passage obligé.
Si vous cherchiez des informations sur Sissi, c’est raté. Idem pas d’énigme de Mayerling, pas de strass, pas de paillettes. En lieu et place de l’Histoire romancée, des chiffres, des dates, des mouvements de fond (A lire chez le même éditeur).
L’empire des Habsbourg fut une nébuleuse, un espace relativement flou, que ce soit dans sa géographie ou sa temporalité. Pas de réelle date de début, pas de réelle fin. Il est donc tentant d’essayer de simplifier le sujet, de tomber dans la caricature, le portrait à grands traits, au risque souvent de perdre en précision, voir en réalité.
Raison de plus pour apprécier l’approche de Pieter M. Judson qui nous livre une vision nette de l’évolution de cet ensemble composite, de sa construction à son déclin. Entre volonté centralisatrice et nationalités, entre autoritarisme et libéralisme, entre volonté de réforme et maintien d’un ordre ancien, on traverse deux cents ans d’Histoire complexe, qui trouvent (hélas ou heureusement) de nombreux échos dans notre Europe moderne.
Inutile de le nier, le livre n’entre pas vraiment dans la case grand public. Il n’exclut pas pour autant l’historien amateur en recherche de clé de compréhension. C’est tout le mérite de l’auteur, de son style et de son approche. Rendre accessible un des ensembles géopolitiques les plus mal compris.
