Un projet européen pour labelliser « vert » le gaz et le nucléaire

Un projet européen pour labelliser « vert » le gaz et le nucléaire

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Initié par la France, le texte présenté à Bruxelles vise à qualifier de « durable » les investissements dans le nucléaire et le gaz. Ce projet s’inscrit dans l’objectif européen d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Il suscite l’ire de certains pays membre de l’Union Européenne et de plusieurs experts climatiques.

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La première décision de la présidence française au Conseil Européen fait polémique. Alors que Paris a pris la tête de l’Union Européenne depuis le 1er janvier 2022, et ce jusqu’au mois de juillet, le gouvernement français en profite pour concrétiser ses projets énergétiques. En effet, en novembre 2021 un texte non-officiel émanant de Paris à destination de la Commission Européenne, consulté par l’AFP, proposait de faire reconnaitre le gaz naturel comme une énergie « durable ». Le gouvernement français n’a jamais reconnu être à l’origine de cette suggestion. Et pourtant quelques mois plus tard l’exécutif français pose sur la table la même proposition, en y ajoutant cette fois l’énergie nucléaire.

Ce texte permettra de faciliter le financement de centrales nucléaires et à gaz, désormais qualifiées de respectueuses de l’environnement. Les États membres de l’UE et un groupe d’experts doivent désormais examiner le projet avant sa présentation fin janvier. A partir de là, le Parlement européen pourra toutefois rejeter le texte suite à un vote à la majorité.

Le projet doit donner une image écologique aux énergies nuisibles pour le climat

Cependant, si le texte est validé par l’institution européenne, alors l’énergie nucléaire et le gaz intégreront le cadre de l’objectif européen de neutralité carbone à l’horizon 2050. Cette classification du nucléaire et du gaz naturel en ressources « propres » permettra de réduire les coûts de financement de ces centrales. Une aubaine pour les investisseurs friands d’énergies fossiles, très rentables, mais qui cherchent, en parallèle, à verdir l’image de leurs activités.

Une telle décision arracherait donc la France, dont 70% de la production électrique vient des centrales nucléaires. Le projet a reçu le soutien de plusieurs pays de l’Union Européenne, souvent peu scrupuleux vis-à-vis des normes environnementales. Parmi eux, la République Tchèque, la Croatie, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie, la Slovénie et la Slovaquie.

De farouches oppositions

Néanmoins, certains membres de l’UE, comme l’Allemagne, la Belgique et l’Autriche s’y opposent. Ils rappellent l’intention initiale de l’objectif de neutralité carbone à atteindre d’ici 2050. Cet engagement a été pris, à l’origine, pour favoriser les investissements dans les énergies renouvelables. Or le nucléaire et le gaz n’en font pas parti, comme le rappelle le Fonds mondial pour la nature (WWF). Idem, les associations de défense de l’environnement estiment aussi que le texte inciterait « au financement d’industries nuisibles au climat ». En effet, la production de déchets radioactifs liée au nucléaire demeure dangereuse pour l’environnement. Elle occasionne également des accidents ainsi que des coûts sur la durée plus élevés qu’avec les énergies renouvelables.

A cela, les pro-nucléaires retorquent que les énergies renouvelables ne peuvent répondre seules aux besoins en électricité de l’Europe. Enfin, l’inclusion du gaz naturel et du nucléaire dans les énergies vertes sera soumise à certaines conditions. Par exemple les centrales nucléaires devront disposer d’un site de traitement des déchets. Concernant les centrales à gaz, elles devront émettre moins de 270g de CO2 par kilowattheure, puis moins de 100g après 2030.

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