Témoignage – Recrutement dans l’AgTech : Où sont passés les candidats ?

Témoignage – Recrutement dans l’AgTech : Où sont passés les candidats ?

L’agtech englobe tout ce qui touche à l’innovation agricole. Le digital est concerné par ce virage qui est entrepris dans ce secteur. Le but étant toujours d’apporter de la facilité, de la transparence aux agriculteurs. Cela peut passer par des solutions sur l’approvisionnement, mais aussi sur de la technique pure : capteurs, robots, data, applications… etc. Aujourd’hui, certaines difficultés liées au recrutement se font ressentir. Quelles sont les raisons ? Rencontre avec Jim Ramos, DRH d’Agriconomie.

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Pourquoi le secteur de l’AgTech n’arrive pas à recruter ?

J.R : C’est compliqué d’attirer les bonnes ressources qui correspondent aux métiers dans ces entreprises. Il s’agit aujourd’hui de nouveaux métiers, qui demandent des doubles, voire des triples compétences : du digital, de la technique, de la gestion de projet. Je pense que c’est encore récent dans l’agriculture. Ce secteur est resté conservateur pendant longtemps. Ces sujets ne sont pas encore assez encrés dans les écoles, et notamment dans les écoles d’agriculture, qui ont des partenariats avec des grosses entreprises du secteur, qui existent depuis des décennies. Je remarque, quand on visite ces écoles, et qu’on discute avec les ingénieurs agronome, qu’ils ne sont pas au fait des intitulés de nos métiers, de ce qu’on fait aujourd’hui. Ils n’y sont pas formés. Le digital les attire, mais les écoles n’ont ni les programmes, ni la culture de ce nouvel aspect.

On a donc des profils qui sont passionnés par le secteur agricole, pour certains vouer à reprendre des exploitations, qui ont envie de découvrir la gestion de projet, mais qui finalement, ne connaissent pas les métiers qu’on propose. Développer une gamme, makerter une offre, gérer une relation fournisseurs, gérer un CRM, segmenter une base cliente, SEO : tout ça leur est inconnu.

Je pense que nos métiers sont attractifs, intéressants, mais malheureusement méconnus des écoles et des étudiants. Ils se tournent donc vers des métiers plus classiques, où les intitulés leur parlent plus : acheteur, métier de la logistique, du commerce. Un virage s’opère actuellement. Mais ce virage est long. Les entreprises comme la nôtre baignent dedans, c’est donc assez simple pour nous, mais ça prend plus de temps côté école. C’est aussi dû à un manque de temps des start-up de se faire connaître de ces écoles. Prendre le temps d’aller dans les écoles, présenter les projets, les métiers, aller former directement en classe.

Quels sont les profils les plus recherchés ?

J.R : Les profils recherchés sont des profils qui ont des compétences transversales et techniques. Ils doivent être capable de vendre, de faire du digital et surtout de le comprendre, de pouvoir parler avec plusieurs métiers. Chez Agriconomie, les profils les plus compliqués à recruter sont les commerciaux. Ils doivent être capable de gérer des portefeuilles grands comptes, de vendre, de manipuler une base clients, et de créer une stratégie commerciale autour de ça. On a aussi des profils chef de marché et chef de produit, qu’on appelle des catégories manager, qui sont à mi-chemin entre l’achat, le marketing, le commerce, la logistique, les approvisionnements. Ce sont donc des métiers qui existent peu en dehors de l’Agtech.

Quels sont vos conseils pour les acteurs de l’AgTech afin de donner envie aux candidats de les rejoindre ?

J.R : Une chose n’est pas assez mise en avant : ce sont les opportunités de carrières que l’Agtech peut offrir. Les entreprises de ce secteur sont très formatrices, on y développe énormément de compétences transverses, qui seront utiles tout au long d’une carrière. Ce sont des boîtes qui se développent et se structurent très vite. L’innovation est au cœur de leur proposition de valeur. Je pense qu’on ne met pas assez en avant les perspectives qu’on peut offrir dans leurs 5 premières années de carrière. Ils peuvent se forger une expérience très solide, qui les emmènera vers des postes à hautes responsabilités assez tôt.

Il est vrai que c’est plus compliqué pour un jeune diplômé de se projeter, et c’est compliqué pour nous de leur donner une perspective de carrière de 10 ans. Nous sommes 65 chez Agriconomie, on ne peut pas offrir des opportunités de carrières à tout le monde. Mais ils ont tous la capacité d’y apprendre énormément de choses. On couvre une vingtaine de métiers différents. C’est un réel effet tremplin.

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