D’où vient l’idée d’un livre ? Comment un auteur trouve son intrigue, ses personnages, son décor ? Longue nuit d’insomnie, travail acharné ou simple coup du sort ? Avec Le Trésorier-payeur, publié aux éditions Gallimard, Yannick Haenel, répond à sa manière à cette question, en livrant un roman pour le moins inspiré.
C’est une sorte de livre hybride, deux pour le prix d’un. En ouverture un auteur convié à une exposition sur Georges Bataille découvre aux hasards d’une conversation le sujet de son prochain roman. Entre obsession et identification, l’auteur se crée mentalement l’œuvre à venir. Sans réelle surprise, à ce roman en devenir succède le roman devenu.
L’histoire brièvement résumée : Au début des années 90, le jeune Bataille arrête la philosophie pour s’inscrire dans une école de commerce et décroche son premier poste à Béthune, dans la succursale de la Banque de France. Dans cette ville où la fermeture des mines et les ravages du néolibéralisme ont installé un paysage de crise, la vie du Trésorier-payeur devient une aventure passionnée : protégé par le directeur de la banque, Charles Dereine, il défend les surendettés, découvre le vertige sexuel avec Annabelle, une libraire rimbaldienne, s’engage dans la confrérie des Charitables, collabore avec Emmaüs et rencontre l’amour de sa vie, la dentiste Lilya Mizaki.
Que dire si ce n’est que Le Trésorier Payeur est un livre qui fait mouche. En quelques mots, ce sont des époques qui se déploie, un décor, une atmosphère aussi. Si l’auteur s’autorise à grossir quelques traits, au risque de faire des ses personnages des formes d’archétype, c’est au service de son roman. En toile de fond, toujours, cette question, peut-on résister au monde de l’argent ? Et si oui comment ? A sa manière, l’obscure Trésorier- payeur de la Banque de France de Béthune, sa vie durant, tentera de répondre à cette question.