[A lire] Cette Autriche qui a dit non à Hitler

[A lire] Cette Autriche qui a dit non à Hitler

Publié le 19 janvier 2024

Dans l’équilibre des forces de la seconde guerre mondiale, il y a les pays dont le rôle pose question et les autres. Parmi les autres l’Autriche tient une place de choix. Dans l’imaginaire collectif, l’Autriche, terre natale d’Adolph Hitler est définitivement membre des forces de l’axe, nazie au même rang si ce n’est plus que l’Allemagne. Si de nombreux faits tragiques viennent alimenter cette légende noire, c’est oublier que l’Autriche fut elle aussi, en son temps, victime du despotisme hitlérien. C’est cette histoire méconnue que raconte Jean Sevilla dans son dernier essai, Cette Autriche qui a dit non à Hitler, publié chez Perrin.

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Le 13 mars 1938, Hitler proclamait le rattachement de l’Autriche au Reich et, deux jours plus tard, faisait son entrée dans la capitale danubienne. Le 10 avril suivant, par plébiscite, 99,75 % des Autrichiens approuvaient l’Anschluss. Mais pourquoi ne dit-on jamais que les célèbres photos de 1938 ont été orchestrées par la propagande nazie ? Et pourquoi n’expose-t-on jamais l’autre face du décor ? Le désarroi de la petite République d’Autriche créée en 1918 sur les décombres de la monarchie des Habsbourg et l’attraction exercée par l’Allemagne, dans les années 1920.  Le combat de l’État autrichien contre le national-socialisme intérieur et extérieur, la répression par l’armée autrichienne de la tentative de putsch nazi qui conduisit à l’assassinat du chancelier Dollfuss, le sursaut du chancelier Schuschnigg qui voulut consulter les Autrichiens par référendum sur leur volonté de préserver l’indépendance de leur pays…

C’est donc une histoire plus complexe qu’il n’y parait, une histoire où un chancelier très autoritaire comme Dolfuss n’est en aucun cas une préfiguration du régime nazi, une histoire où un Etat sans repères, enclin à unir son destin à la république de Weimar, ne se voit pas comme un simple satellite, asservi au Reich allemand, bref une histoire plus grise et nuancée que ce que nous en avons retenu.

Ce n’est pas tant un livre de réhabilitation, au sens où Sevilla ne revêt pas le costume de l’avocat, qu’une nécessaire mise au point, factuelle et dépassionnée.

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