Il figure en bonne place au Panthéon du Roman national. Incarnation des valeurs chevaleresques, Bayard cristallise à lui seul tout un imaginaire, courage, héroïsme, vertus… Derrière cette figure quasi mythique, à quoi peut on réellement se raccrocher ? Quelle est la place du réel derrière cette construction agiographique ? C’est l’objet du dernier livre de Thierry Lassabatère Bayard, le « bon chevalier » publié aux éditions Perrin.
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Pour passer à la postérité, il est de bon ton d’avoir près de soi des auteurs pour magnifier vos faits d’armes. C’est, si l’on voulait caricaturer à grands traits, la morale de l’étude passionnante de Thierry Lassabatère. Avec ce portrait, dressé au croisement des sources de l’époque, on comprend que les exploits attribués à Bayard, s’ils se sont toujours nourris d’événements réels, ont été souvent exagérés, voire « volés » à d’autres.
Bayard n’est donc pas ce chevalier mythique, sans peur et sans reproche, mais un homme de son temps, héritier de croyances et d’autres prophéties, plongé dans les tourments diplomatiques et belliqueux de cette époque charnière entre Moyen Age et Renaissance. Retracer le destin de Bayard, c’est se replonger dans les guerres d’Italie, dans les règnes de Charles VIII, Louis XII et François I, c’est évoluer dans cet univers où Machiavel succède au merveilleux et au sens de l’honneur.
C’est donc cette histoire que retrace avec une précision rare, en véritable enquêteur des sources Thierry Lassabatère. Les amoureux de clichés et autres fantaisies historiques en seront pour leur frais, les autres trouveront une clé de compréhension privilégiée d’une époque complexe que l’on se plait à simplifier à grand coup de clichés.