Vaincre sa peur

Vaincre sa peur

Le coronavirus rebat un certain nombre de cartes. Il vient, avec violence, remettre en question des éléments qui pouvaient nous paraître immuables, acquis. Il vient surtout agir comme un révélateur.

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Je n’ai pas souvenir d’avoir autant entendu parler du collectif que lors de ces derniers mois. Et je n’ai pas souvenir non plus d’un moment où la parole des dirigeants étaient attendue avec autant de force. Il n’y a, pour s’en persuader, qu’à regarder les audiences d’une conférence de presse du premier ministre, un dimanche qui plus est.

L’attente est grande, et le dirigeant, quel qu’il soit, ne peut s’y dérober. Il n’est pas d’échappatoire possible, de voie de dégagement. On reproche aujourd’hui, à tort ou à raison, un manque d’anticipation dans la gestion de cette crise. Permettez-moi de penser que c’est, un peu, facile. Nul ne pouvait être préparé à ce qui se passe aujourd’hui. Il est des choses imprévisibles, et il faut savoir l’accepter. Cela ne veut, en aucun cas dire renoncer, ou céder au fatalisme, bien au contraire.

Mais des questions, nombreuses, se posent. Comment être sûr de l’incertain ? Comment prévoir ce que l’on ne maîtrise pas ? Comment créer de la stabilité quand tout se fissure ? On peut opter pour l’approche par l’expertise, purement rationnelle, presque mathématique. On vit alors dans le temps des sachants apprentis ou confirmés. On peut aussi faire le pari de l’intuition. Cette attitude est pour moi la seule tenable.

Je le pense parce que, face à de tels moments d’incertitudes, face à cette conviction que l’on ne sait pas, la vérité n’a plus réellement d’importance. Il ne s’agit pas d’avoir raison mais de se faire comprendre, d’incarner sa fonction. Cela vaut pour la force politique comme pour l’entreprise.

Pour vaincre sa peur, il faut dépasser l’idée de démonstration et de raison. Pour se faire entendre, nous utilisons l’analyse transactionnelle, qui est la meilleure façon de trouver un point de contact entre l’émetteur et le récepteur. Cette approche nous éloigne parfois de la vérité pure, sans soucis de formes ou d’aménagements avec ce que l’on pense vraiment, ce qui relève du domaine de la conviction. C’est un des écueils auxquels se confronte le discours présidentiel actuel : vouloir s’en tenir aux éléments vérifiables, acquis. Cette posture est déceptive pour le citoyen qui n’y retrouve pas ce qu’il était venu chercher, ce qu’il voulait entendre. Prenons la chloroquine, cette fameuse chloroquine, au fond personne ne sait. Il y a les pour, les contre. On comprend donc que le fait d’avoir raison à l’instant T ne fait pas sens.

Vaincre sa peur, c’est donc s’appuyer sur une certaine forme de croyance, intime, c’est essayer de s’approcher du réel. Evidemment, l’exercice est périlleux, qui plus est dans une société démocratique. Et le tribunal de l’opinion sera, soyons en assurés, implacable. Mais pour un dirigeant véritable, ce n’est pas le sujet.

Il y a plus de dix ans maintenant, Roselyne Bachelot commandait des dizaines de milliers de vaccins contre un virus peu connu, et qui s’est avéré, a posteriori, très maîtrisable. L’époque et les contemporains se sont moqués, la postérité porte un regard nouveau.

 

 

 

 

 

 

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