Voir le monde en visio

Voir le monde en visio

Skype, teams, gotomeeting, whatsapp, zoom… Famille, amis, travail, culture… nous vivons à l’heure de la visio reine. Que l’on s’en réjouisse ou que l’on sente poindre une forme marquée de lassitude, c’est une nouvelle norme, une nouvelle façon (provisoire ?) de vivre.

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C’est une constante des crises, la pérennisation du système D, l’établissement par l’usage d’une nouvelle norme. C’était en février 2020, un temps ou les systèmes de visio-conférence étaient réservés à une forme d’exceptionnel : appels longue distance, réunions internationales, avec toujours en creux une certaine impression d’appauvrissement du temps passé. La visio conférence c’était pour le côté pratique, les réunions plénières gardaient le prestige, une forme de solennité.

Trois mois plus tard, et par la force des choses, tous ces codes, pour le moins implicites, ont volé en éclat. C’est l’avantage ou le problème des situations radicales. On fait avec, on apprend et on s’adapte. Il y a encore quelques mois, il aurait paru presque inconcevable de recruter un candidat sans l’avoir vu vraiment. Et que penser à l’inverse des annonces récentes d’Uber, en visio évidemment, auprès de 3500 salariés qui, depuis chez eux, se voient annoncer leur licenciement.

Nous vivons un rapport au monde en mutation profonde. Nous commençons, a tâtons, à en distinguer les nouveaux périmètres, les nouvelles dimensions. Hier est loin, mais aujourd’hui est encore très frais. Le bureau était un univers très codé, une salle de réunion, selon sa taille, sa disposition, son étage, portait en elle un message rassurant, inquiétant et euphorisant. Et là, plus rien. Des gens derrière des écrans, qui s’amusent à flouter leur fond, qui soignent leur mise en scène ou qui actent l’existant. Il y a, ne s’en cachons pas, un certain côté déceptif à cette vie. Un manque de lien, de contact, une impression de vide, une fois l’écran refermé. Mais, comme toujours, il y a aussi une opportunité de faire différemment, et peut être mieux.

Mine de rien, une visio c’est un peu d’organisation. Ça se prépare. S’anticipe. Dure moins en longueur. Evidemment, par leur nombre, par leur répétition, par leur caractère intrusif les visio conférences, à la longue, fatiguent. Mais à y regarder de plus près, elle rationalise fortement le recours obligatoire à la réunion. A l’heure ou chaque salarié encore en télétravail s’interroge sur son retour physique au bureau. Sur les nouvelles formes d’organisation, sur une forme de vie d’après ou de vie avec, nul doute qu’il y aura des restes, de nouvelles habitudes. Une façon de travailler nouvelle, plus autonome, teintée intraentrepreneuriat. Et qui sait, avec un peu de chance, de la fin de la réunionite.

 

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