Big Data : l’impératif de responsabilité individuelle et collective

Big Data : l’impératif de responsabilité individuelle et collective

L’omniprésence des données numériques permise par les Big Data appelle à une prise de conscience des enjeux éthiques dans leurs usages à tous les niveaux, au vu des dérives constatées aujourd’hui.

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Il a souvent été question ces dernières années de traiter les défis éthiques des Big Data par le renforcement de la réglementation, en incitant ou en obligeant les acteurs du numérique à protéger les données de leurs utilisateurs.

En complément des réglementations, la responsabilisation collective et individuelle de nos comportements ne constitue-t-elle pas un élément clé dans la transition d’une utilisation naïve et dangereuse des 5 V (Vitesse, Volume, Véracité, Valeur, Variété) de la Big Data, vers une exploitation sereine et respectueuse des données ?

Réseaux sociaux et campagnes électorales

Entre les partis politique, leurs besoins de ciblage fin des électeurs (micro-targeting) et la volonté d’ingérence de puissances étrangères ou de lobbies dans les processus électoraux, les données des réseaux sociaux suscitent les convoitises de toutes parts.

L’exploitation d’informations personnelles à l’insu des utilisateurs par divers influenceurs, couplée au phénomène de bulle informative induite par les réseaux sociaux, prive les électeurs, in fine, de l’objectivité et du débat contradictoire indispensable au jeu démocratique.

C’est donc à la fois par une plus grande vigilance dans la diffusion des données personnelles de chacun et par une mobilisation des grandes plates-formes que la situation pourrait s’améliorer.

On peut noter la signature récente d’un code de bonnes pratiques basé sur le principe de l’autorégulation par de grands acteurs du numérique. Le scandale Cambridge Analytica qui a dévoilé l’exploitation frauduleuse de données Facebook a sans doute fait bouger les lignes sur le sujet…

Big Data et lutte contre la pandémie de COVID-19

Le déploiement précipité d’applications de tracking par les autorités aux quatre coins du monde a mis en lumière certains dilemmes moraux dans la mise en place de politiques d’urgence face à la crise sanitaire.

Car pour être efficaces, ces applications sous-entendent un taux d’utilisation suffisant, ce qui peut pousser certains gouvernements à vouloir imposer leur usage, par des moyens plus ou moins coercitifs.

Ainsi, en Inde, le gouvernement a, dans un premier temps, rendu obligatoire l’application Aarogya Setu…Tout en déclenchant une vague de protestations, les opposants à cette décision pointant le faible niveau de sécurité de l’application et le caractère légal ambigu de la directive du gouvernement.

En France, l’adoption de l’application StopCovid est resté très limitée, avec seulement quelques personnes s’étant déclarées positives, 3 semaines après la mise en service. Il faut admettre que la promotion de l’application s’est montrée plus que timide…

De fait, en l’absence de contraintes fortes, une gestion de la crise à la fois efficace et respectueuse des libertés individuelles n’a pas d’alternative autre que la responsabilisation des citoyens autour de la cause défendue…Et donc les efforts de pédagogie qu’elle implique.

Entre vulnérabilité et euphorie des usages, la position singulière de la jeunesse

Si les violences scolaires ont certainement toujours existé, l’arrivée du smartphone et des réseaux sociaux ont amplifié le phénomène tout en le transformant.

Les statistiques produites par le Cyberbullying Research Center révèlent un doublement des déclarations de cyber harcèlement entre 2007 et 2020 aux États-Unis, pour atteindre plus de 36% des sondés.

Tiraillée entre la protection des personnes et le respect de la liberté d’expression, la législation peine à endiguer le phénomène, comme en atteste l’exemple français de la loi Avia sur les contenus haineux, fortement édulcorée en juin 2020 par le Conseil Constitutionnel. La question des principes moraux de base dans la formation des citoyens se pose donc plus que jamais.

Un long chemin vers la « Wise Data » ?

L’émergence de moyens de partage d’information en masse ces dix dernières années s’est accompagnée de dérives inquiétantes.

Le manque de précaution et la candeur naïve des usagers de ces outils, par ailleurs extraordinaires, ont ouvert des brèches que des acteurs mal intentionnés se sont pressés d’exploiter.

Mais, les mentalités évoluant progressivement, nous pouvons espérer atteindre collectivement un niveau de maturité suffisant, une sorte d’âge adulte dans notre relation aux données numériques.

En résumé, façonner ensemble un nouveau monde de la « Wise Data » où responsabilisation et libertés individuelles s’accordent de façon vertueuse.

 

 

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