Mutuelles : une facture plus élevée que prévu ?

Mutuelles : une facture plus élevée que prévu ?

Publié le 16 février 2022

Selon certains adhérents, l’augmentation des tarifs annoncée à 3,4 % par la Mutualité Française se révélerait être jusqu’à 15 fois supérieure. Et les organismes de complémentaire santé n’en sont pas à leur première hausse. De 2007 à 2017, le prix des cotisations ont bondi de 75 % selon Daniel Rosenweg, auteur du « livre (très noir) des mutuelles ». Décryptage.

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 La hausse des prix des mutuelles semble être bien plus conséquente que prévu. En septembre dernier, la Mutualité française * annonçait une augmentation moyenne de 3,4 % des tarifs. Mais la réalité dépasse les prévisions faites par l’organisme. Selon les associations UFC et 60 millions de consommateurs, la majoration sur certains contrats avoisinerait les 50 %. C’est le cas pour une des bénéficiaires de Solimut Mutuelle de France qui s’est vu appliquer un tarif 50 % plus cher que l’année précédente. Même son de cloches pour des adhérents de la Maaf et d’Harmonie Mutuelle dont les cotisations ont bondi de 30 % d’après les deux associations.

Des frais de gestion qui interrogent

Et les Ocams n’en sont pas à leur première augmentation « de 2007 à 2017, les tarifs des complémentaires ont crû de 75 %. Une partie est due à l’augmentation des taxes mais les mutuelles font supporter aux ménages quelques 8 milliards de frais de gestion de toute nature, des coûts beaucoup plus élevés que ceux de la sécu pour des prestations six fois moindres » indique Daniel Rosenweg, auteur du « livre (très noir) des mutuelles ». Et d’ajouter « sur ces 8 milliards de frais de gestion, une grande partie est dédiée aux frais d’acquisition. Mais sachant que 96 % de la population est déjà assurée, cela revient à financer la guerre des prix entre mutuelles qui essayent de se piquer leurs clients ». Ce dernier pointe également du doigt les dépenses liées au financement des musées, des courses de voile ou encore des stades alors qu’en France 11 millions de personnes ne peuvent toujours pas accéder à une complémentaire santé sans l’aide de l’État.

Parmi les raisons invoquées par les mutuelles pour justifier ces multiples augmentations : la taxe covid. « Les organismes de complémentaire santé avaient dans un premier temps annoncé 2,2 milliards d’économie en 2020, un montant qui s’est révélé être de 2,8 milliards d’après le cabinet d’Olivier Véran. La taxe covid était d’1,5 milliards. Je vous laisse faire le calcul » souligne Daniel Rosenweg.

Les mutuelles : leviers d’inégalités ?

L’auteur du « livre (très noir) des mutuelles » dénonce également un système levier d’inégalités entre les contrats individuels et collectifs : « chômeurs, retraités, travailleurs indépendants paient leur contrat 20% plus cher en moyenne que les salariés pour des prestations inférieures ». Or, les contrats individuels représentent plus de 32 millions d’assurés et souvent des personnes en situation de précarité.

 Les réponses de l’exécutif

Des pratiques qui agacent l’exécutif. Auditionnés dans le cadre de l’examen du PLFSS 2022 par la commission des Affaires sociales du Sénat, le ministre de la Santé Olivier Véran et le ministre chargé des Comptes publics Olivier Dussopt ont annoncé « la fermeté » face à cette situation. Mais reste encore à savoir si cet avertissement sera suivi d’effets. En effet, déjà en 2019, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, s’était emportée contre les augmentations de cotisations des organismes complémentaires qui, selon elle, ruinent, la promesse gouvernementale du « reste à charge zéro ». « Il est hors de question que les mutuelles profitent d’une réforme qui a été négociée pour augmenter leurs prix ; je ne le tolérerai pas » avait-elle affirmé trois années auparavant.

* Sollicitée, la Mutuelle Française n’a pas répondu aux demandes d’entretien de Widoobiz avant publication de l’article

 

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