[A lire] Les Vainqueurs

[A lire] Les Vainqueurs

Publié le 23 septembre 2022

Que diriez-vous d’une plongée dans le Grand nord ? Attention, pas le Grand nord rêvé, idéalisé, celui des fjords et des saunas. Avec Les Vainqueurs, publié chez Gallimard, c’est le Grand nord des vrais gens, sans faste, que refait revivre Roy Jacobsen. C’est brut, sans artifice, mais diablement efficace.

Vous aimerez aussi

Sorti en 1991, Les Vainqueurs s’est très vite imposé comme un classique du patrimoine culturel norvégien, mais était globalement passé inaperçu sous nos latitudes. Trop local peut-être. Il n’est jamais trop tard pour découvrir ces œuvres finalement assez intemporelles. Session de rattrapage.

Les vainqueurs suit la vie d’une famille emblématique de la Norvège, de la côte du Helgeland jusqu’à Oslo, de l’été 1927 au printemps 1990. La première partie raconte la vie de Marta et de son père Johan, petit paysan-pêcheur sur l’île de Herøy, contraint de placer sa fille comme domestique chez une riche famille d’Oslo qui choisira la collaboration à l’heure de la Seconde Guerre mondiale. Dans la seconde partie du roman, le narrateur est Rogern, un des fils de Marta. Le gamin, qui grandit dans la cité nouvelle d’Årvoll, pose un regard aussi vif que truculent sur le bond monumental fait par le pays au cours d’un demi-siècle.

Ce qui frappe d’emblée, c’est la langue. Une langue qui évolue à mesure que les années passent, que le climat et le confort s’adoucissent. Brute et coupante dans les premières années, distante et critique ensuite. Elle épouse ses personnages, leurs décors, leurs vies. Les premières pages peuvent donc surprendre, tant tout est rude, brut de décoffrage. C’est un livre à qui il faut donner du temps, mais qui en vaut la peine.

Les Vainqueurs, c’est le roman national des anti-héros, des gens en marge de la grande histoire, des vies minuscules. Celui des petites victoires et des grandes défaites. De la Norvège pauvre et rurale du début du siècle dernier, à l’essor économique relatif des années d’après guerre, Roy Jacobsen livre une fresque sociale, sans compromission.

0 commentaires

Laisser un commentaire