A la veille d’un départ en vacances, la peur d’être malade lors du trajet est, pour nombre d’entre nous, une véritable angoisse. En voiture, en train, en bateau ou en avion, difficile d’y échapper quand on est sujets à ces troubles. C’est pour lutter contre cette fatalité, et pour proposer une alternative non médicamenteuse au problème, que sont nées les boarding glasses. En apparence une simple paire de lunettes, mais qui cachent un petit concentré de low tech. On en parle avec leur co-créateur, Antoine Jeannin.
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Pourriez-vous présenter en quelques mots Boarding Ring ?
Nous avons lancé en 2015 Boarding Ring, avec mon frère et mon père. Pour présenter simplement l’entreprise, nous sommes une société spécialisée dans des solutions pour lutter contre le mal de transports, avec un produit phare : les lunettes boarding glasses.
D’où vous est venue cette envie d’entreprendre ?
Tout part de mon père qui a mené, à la fin des années 90 des recherches de fond sur le sujet du mal des transports. Il a beaucoup échangé avec des ophtalmos, des ORL, pour essayer de comprendre les causes de ce problème et surtout pour trouver des solutions. Et c’est là que nous intervenons avec mon frère pour développer une solution (qui allait devenir les boarding glasses). Mon frère a un profil d’ingénieur, orienté R&D. De mon côté, j’ai également un profil ingénieur mais également un passé de sportif de haut niveau, puisque j’ai fait partie de l’équipe de France de Judo.
L’entrepreneuriat, c’est pour nous un certain rapport à l’autonomie (qui fait écho à celle d’un sportif professionnel), un véhicule qui permet de s’exprimer pleinement.
Votre produit phare c’est donc les boarding glasses, concrètement comment ça marche ?
Nous nous sommes intéressés au cœur du problème. Sans être trop technique, le mal du transport vient d’une différence de perception entre l’œil et l’oreille interne. Le cerveau reçoit deux informations contradictoires, et pour certaines personnes, cela se traduit par un inconfort.
L’idée des boarding glasses, c’est de réaligner les perceptions. Ce sont donc des lunettes qui agissent sur la vision périphérique, avec un liquide bleu qui vient simuler, pour l’œil, le mouvement ressenti par l’oreille interne. On crée une forme d’horizon artificiel pour faciliter le travail du cerveau.
Donc très simplement, dès que l’utilisateur commence à ressentir une gêne (que ce soit en avion, voiture, bateau), il met ses lunettes, et au bout de quelques minutes les symptômes passent.
En termes de cibles, vous êtes aujourd’hui sur public adulte, mais vous allez vous lancer sur marché enfant, quelles en sont les singularités ?
Il y a évidemment une question de taille qui nécessite d’adapter le modèle. Mais au-delà de ça, il faut savoir que les enfants ont une vision périphérique incomplète jusque l’âge de 9 ans, ce qui explique pourquoi ils sont plus sujets au mal des transports. Ajouter à cela qu’il voyage souvent dans des sièges très protecteurs mais de fait très confinants.
Après avoir testé notre modèle standard sur les enfants, nous n’avons pas été complétement satisfait du résultat. Nous avons donc développé une nouvelle gamme dédiée. Pour simplifier, là où les lunettes adultes agissent sur la vision périphérique plutôt « vers l’arrière », le modèle enfant agit « sur l’avant ». Nous avons mené une phase de test sur 38 enfants, avec un taux d’efficacité de 92% qui nous a convaincu de lancer le produit.
Boarding Ring, ce n’est pas que les boarding glasses, quels sont vos autres solutions ?
Effectivement, nous ne sommes pas mono-produit. Nous travaillons par exemple sur l’intégration de système embarqué directement dans les véhicules pour proposer une expérience de voyage encore plus confortable. L’idée est d’intégrer un système de colonne lumineuse dans les habitacles pour encore une fois créer des horizons artificiels. Un premier test sur un patrouilleur de la Marine nationale a donné des résultats très encourageants.
Enfin nous nous attaquons au secteur de la réalité virtuelle, où là aussi de nombreux utilisateurs ressentent cette fameuse motion sickness, et du coup on intervient directement sur le casque pour là encore réaligner les différences de perception entre l’œil et l’oreille interne.
Quels sont vos projets et ambitions à moyen terme ?
Nous voulons doubler notre chiffre d’affaires et stabiliser notre business model sur le marché français. Pour réussir, nous avons plusieurs leviers. Nous travaillons sur une levée de fonds, nous menons également une action auprès des distributeurs retail. Nous avons déjà un partenariat national avec Natures et Découvertes, et nous souhaitons accélérer sur les réseaux d’opticiens.
Nous misons également beaucoup sur le lancement de notre gamme de lunette enfant « Ringo » pour lequel nous avons reçus de très nombreuses précommandes. Nous avons enfin en tête le défis de l’export, mais souhaitons nous concentrer en 2024 sur le marché français pour pouvoir arriver au meilleur modèle possible.