A quoi ressemblent les derniers jours d’une icone oubliée ? Que fait-on lorsque l’on est plus une attraction et pas encore un mythe ? Et bien on rêve. On s’invente une vie trépidante à la hauteur de sa légende. Ce sont les rêves d’un Casanova crépusculaire que comptent Benjamin Hoffmann dans son dernier roman, Les Minuscules, publié aux éditions Gallimard.
1790, Duchcov. Devenu bibliothécaire dans les tréfonds de la Bohême, le flamboyant Giacomo Casanova fait la rencontre de créatures sorties de son Icosaméron, un roman publié à Prague trois ans plus tôt. Peuple lilliputien, entreprenant et inventif, les Minuscules l’invitent à visiter les Palimpsestes, monde souterrain où ne sont admis qu’une poignée d’élus. Les voyages de Casanova le mènent dans les profondeurs de l’Italie, de l’Amérique et de la France, où la Révolution s’est accélérée après la fuite de la famille royale à Varennes.
Le casting est à la hauteur du héros : pêle-mêle Mozart et Da Ponte, Leibniz et Voltaire, Diderot et Sade, Chateaubriand et Washington…qui tous, à leur manière renvoie Casanova à sa grandeur passée. Dans Les Minuscules, on est à mi-chemin entre Candide et Boulevard du Crépuscule, entre le récit onirique et le naufrage de l’âge. Onirique parce que l’on retrouve dans ses rêves de grandeur tout ce qui fit le sel de la vie du vénitien, une forme de démesure, l’affirmation d’une volonté, le charme et la passion. Crépusculaire, parce que le Casanova de Duchcov a perdu ses fulgurances, et a depuis longtemps fait le pas qui mène du sublime au ridicule.
Qu’importe, Casanova est mort, vive Casanova.